FrancemĂšre des arts, des armes et des lois , ArmĂ©nie ton amie a besoin de toi . Lettre ouverte Ă  Monsieur le PrĂ©sident de la RĂ©publique. et aux Ă©lus de France . Appel Ă  ma France . Ton amie l'ArmĂ©nie a toujours Ă©tĂ© Ă  tes cĂŽtĂ©s, depuis les temps anciens des croisades jusqu'aux heures les plus sombres de ton histoire oĂč ses fils ont pris les armes, dans tes armĂ©es ou dans la
France, mĂšre des arts, des armes et des lois, Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m’as pour enfant avouĂ© quelquefois, Que ne me rĂ©ponds-tu maintenant, ĂŽ cruelle ? France, France, rĂ©ponds Ă  ma triste querelle. Mais nul, sinon Écho, ne rĂ©pond Ă  ma voix. Entre les loups cruels j’erre parmi la plaine, Je sens venir l’hiver, de qui la froide haleine D’une tremblante horreur fait hĂ©risser ma peau. Las, tes autres agneaux n’ont faute de pĂąture, Ils ne craignent le loup, le vent, ni la froidure Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau. Francequi les a accueillis, le second pour que je n’oublie jamais mon histoire. Quant Ă  mon patronyme, clin d’Ɠil du hasard ou de la destinĂ©e, il signiïŹe rose de France. Je forme le vƓu que l’amitiĂ© qui lie la France et l’ArmĂ©nie ne se fane jamais. Monsieur le PrĂ©sident de la RĂ©publique, Mesdames et Messieurs les Ă©lus et tous
RĂ©sumĂ©s Cet article Ă©tablit un parallĂšle historique entre ces deux souveraines du Grand siĂšcle, mĂšre et fille, l’une reine de France et l’autre duchesse de Savoie. Les deux furent rĂ©gentes et firent face Ă  une lutte violente menĂ©e par leurs proches en vue du contrĂŽle de l’État. MalgrĂ© ses talents politiques et artistiques, la premiĂšre fut dĂ©faite, puis obligĂ©e Ă  quitter la France et Ă  mourir en exil. La seconde, moins cultivĂ©e, moins prĂ©parĂ©e, moins habile sur le plan politique, et toute tournĂ©e vers la vie de cour qui faisait ses dĂ©lices et sa rĂ©putation, subit comme l’autre l’échec et l’humiliation de la guerre, la fuite et presque l’exil. Des circonstances exceptionnelles lui permirent en revanche de surmonter ces obstacles, de revenir au pouvoir et de s’imposer Ă  ceux mĂȘmes qui avaient triomphĂ© sur sa mĂšre. Le parallĂšle entre ces deux souveraines rĂ©gentes souligne le rĂŽle difficile et incertain des femmes qui occupent des hautes fonctions dans l’État au xviie siĂšcle. Bien que destinĂ©es Ă  jouer un rĂŽle mineur dans les affaires de leur pays, Marie de MĂ©dicis et Christine de France offrent, l’une par l’échec et l’autre par la rĂ©ussite, l’exemple parfait des “Femmes d’État” au Grand siĂšcle. L’articolo consiste in un parallelo storico tra queste due sovrane del Seicento, madre e figlia, una regina di Francia e l’altra duchessa di Savoia. Entrambi erano reggenti e entrambe dovettero combattere una violenta opposizione da parte della loro famiglia per il controllo dello stato. Nonostante il suo talento politico e artistico, la prima fu sconfitta e poi costretta a lasciare la Francia e a morire in esilio. La seconda, meno colta, meno preparata, meno abile politicamente, e pienamente dedicata alla vita di corte che ne fece le delizie e la fama, soffrĂŹ come l’altra del fallimento e dell’umiliazione della guerra, della fuga e, quasi, dell’esilio. Circostanze eccezionali, tuttavia, le permisero di superare questi ostacoli, di tornare al potere e di imporsi proprio su coloro che avevano trionfato su sua madre. Il parallelo tra queste due reggenti sovrane sottolinea il ruolo difficile e incerto delle donne che ricoprivano alte posizioni nello Stato nel Seicento. Anche se destinate a giocare un ruolo minore negli affari del loro paese, Maria de’ Medici e Cristina di Francia offrono, l’una attraverso il fallimento e l’altra attraverso il successo, l’esempio perfetto delle “Donne di Stato” nel Grand de page EntrĂ©es d’index Index chronologique XVIIeHaut de page Texte intĂ©gral 1 Sur ces questions voir principalement AndrĂ© Corvisier, Les rĂ©gences en Europe, Paris, PUF, 2002 ; ... 2 Cesarina Casanova, op. cit., p. 78-81. Elle utilise les travaux classiques de Berghenroth 1868, H ... 1L’accĂšs des femmes Ă  la succession monarchique et au gouvernement se trouve progressivement limitĂ© en Europe entre la fin du Moyen Âge et l’époque moderne. L’avĂšnement des monarchies absolues accentua ce processus en attribuant aux successeurs masculins la direction des affaires. Pourtant cette tendance ne recouvre qu’en partie la rĂ©alitĂ© des droits et des pratiques politiques dans le continent car, dans ces pĂ©riodes, plusieurs royaumes furent gouvernĂ©s par des femmes. Aux XVIe et XVIIe siĂšcles, bien que les principes de dĂ©volution fussent solidement entre les mains des hommes, la prĂ©sence de souveraines est un constat qu’il est difficile de rĂ©futer. Les travaux rĂ©cents ont montrĂ© Ă  quel point ce processus de rĂ©duction et d’exclusion fut associĂ© Ă  un autre, moins visible mais tout aussi important, d’inclusion des femmes dans la gestion de la res publica, Ă  laquelle ces derniĂšres apportĂšrent des contributions essentielles. En effet, ce long processus fut Ă©maillĂ©, en contrepoint, d’élĂ©ments attestant le rĂŽle central des femmes au sommet de l’État. Il suffira d’évoquer quelques cas significatifs en France. Le premier concerne les deux pairies fĂ©minines du temps de Philippe V l’une de Mahaut d’Artois qui participa au couronnement de ce dernier, et l’autre de Jeanne de France qui, en Ă©change de sa renonciation Ă  ses droits sur l’hĂ©ritage capĂ©tien, obtint par Philippe V la pairie d’AngoulĂȘme. Le second cas concerne le renforcement du patrimoine royal soutenu par les hĂ©ritages fĂ©minins. D’abord celui d’Anne de Bretagne, titulaire d’un duchĂ© indĂ©pendant, deux fois reine par son union avec Charles VIII et Louis XII, qui lĂ©gua son territoire Ă  la monarchie ; ensuite celui de Marguerite de Valois, ancienne Ă©pouse de Henri IV qui, malgrĂ© la dissolution de son mariage, Ɠuvra afin que les biens de sa mĂšre Catherine de MĂ©dicis ainsi que les siens propres fussent transmis en hĂ©ritage Ă  Louis XIII, contribuant ainsi Ă  l’élargissement du domaine royal1. On pourrait Ă©largir ces observations au monde espagnol, en Ă©voquant l’apport essentiel de Jeanne, reine de Castille depuis 1504, au patrimoine de son fils Charles de Habsbourg, futur Charles V. Celui-ci Ă©carta sa mĂšre du pouvoir, pour bĂ©nĂ©ficier de la plĂ©nitude d’une succession qui ne lui revenait qu’à moitiĂ©. Les Ă©tudes classiques et celles plus rĂ©centes ont montrĂ© que la folie » de Jeanne eut une dimension politique dont profita la monarchie ibĂ©rique lors d’un passage fondamental pour le contrĂŽle politique de l’Europe du XVIe siĂšcle2. 2Au-delĂ  de l’aspect formel, ce processus historique montre que, reines ou princesses, les femmes eurent un rĂŽle central dans les institutions d’Ancien rĂ©gime. Leur inscription dans les sociĂ©tĂ©s de l’Occident chrĂ©tien fut essentielle tant sur le plan anthropologique et politique que culturel. Si l’historiographie traditionnelle, plutĂŽt misogyne, en a rĂ©duit l’importance, l’historiographie contemporaine issue d’une part des recherches sur le cĂ©rĂ©monial et l’absolutisme et d’autre part de celles sur les genres ont restituĂ© Ă  ce phĂ©nomĂšne sa vĂ©ritable complexitĂ©. 3 Cesarina Casanova, op. cit., p. 56-58. 4 Fanny Cosandey, De la loi salique Ă  la rĂ©gence », op. cit., p. 183. 3Pour les femmes, les possibilitĂ©s de conquĂ©rir et d’hĂ©riter des places de commandement furent progressivement limitĂ©es pour trois raisons principales l’avĂšnement des grandes monarchies continentales, l’affirmation de la souverainetĂ© dynastique comme forme de stabilisation politique et enfin la lĂ©gitimation formelle du pouvoir princier et royal3. Fanny Cosandey a observĂ© que ce processus d’exclusion des femmes du droit de dĂ©volution n’élimina pas leur participation, qui ne fut que modifiĂ©e, avec parfois des avantages notables comme dans le cas des rĂ©gences qui devinrent le terrain privilĂ©giĂ© de l’action politique des reines et des princesses, en France et ailleurs4. Cette chercheuse montre Ă©galement que les crises successorales des XIVe et XVe siĂšcles aboutirent Ă  l’exclusion des filles du trĂŽne pour des raisons conjoncturelles, liĂ©es aux circonstances historiques, sans avoir recours Ă  l’argument de l’incapacitĂ© fĂ©minine Ă  gouverner. Ce fut dans le contexte bien diffĂ©rent du xvie siĂšcle que le discours de l’incapacitĂ© des femmes fut dĂ©veloppĂ©, sans toutefois les empĂȘcher de conserver des positions supĂ©rieures dans la politique. Les lois de 1374 et de 1407 fixĂšrent la majoritĂ© des rois et les modalitĂ©s d’exercice de la rĂ©gence durant la minoritĂ© du souverain. La thĂšse formulĂ©e en 1407 de la succession immĂ©diate du trĂŽne, qui transmettait toute l’autoritĂ© au jeune prince, finit par renforcer l’emprise de la reine qui, en ayant la garde, contrĂŽlait aussi le pouvoir. Ainsi, Ă©ducation du prince et gestion des affaires politiques se superposĂšrent au profit du statut de la reine mĂšre en fragilisant la concurrence des princes de la famille royale. 5 Cesarina Casanova, op. cit., p. 57. 4Cette orientation trouve d’autres confirmations intĂ©ressantes. En 1581, dans l’un de ses ouvrages, Girolamo Garzoni affirma que l’exclusion des femmes du droit de dĂ©volution ne se fondait guĂšre sur la tradition juridique, mais sur des pratiques sociales. Au siĂšcle suivant, Gregorius Rollbag analysa les droits des femmes en Europe – France, Espagne, Italie, Allemagne. Il en conclut que les arguments servant leur exclusion s’appuyaient rarement sur la jurisprudence, la plupart des auteurs utilisant des topoi appartenant Ă  la littĂ©rature thĂ©ologique, mĂ©dicale et historique5. 6 Cf. Élie. Barnavi, Mythes et rĂ©alitĂ© historique le cas de la loi salique », Histoire, Economi ... 7 Cesarina Casanova, op. cit., p. 84. 8 Fanny Cosandey, Quelques rĂ©flexions sur les transmissions royales maternelles la succession d ... 9 Fanny Cosandey, De la loi salique Ă  la rĂ©gence », op. cit., p. 192-195 ; id., Puissance mater ... 5Paradoxalement, le statut spĂ©cifique des femmes fut consolidĂ© par le travail de lĂ©gitimation soutenu par la monarchie en France et par les dynasties princiĂšres Ă  l’époque moderne. Celles-ci formalisĂšrent l’autoritĂ© souveraine non seulement par la loi et par l’exercice du pouvoir mais aussi par l’exaltation de sa dignitĂ© et de sa supĂ©rioritĂ©, par son unicitĂ©, dĂ©clarĂ©e d’origine divine, comprenant le roi et la reine. Les grandes cĂ©rĂ©monies de la couronne noces, sacre, couronnement, funĂ©railles, dont les symboles furent popularisĂ©s par les fĂȘtes entrĂ©es, ballets, jeux Ă©questres donnĂšrent au couple royal une dimension nouvelle qui profita Ă©galement aux femmes. Au xvie siĂšcle, la rĂ©invention de la loi salique6, s’appuyant dorĂ©navant sur l’argument de l’incapacitĂ© naturelle » des femmes Ă  gouverner, eut pour effet de relĂ©guer les souveraines dans la sphĂšre domestique d’épouses et de mĂšres. L’amour maternel devint alors la base de leur influence. Exclues de la succession au trĂŽne, les mĂšres et les veuves garantissaient les intĂ©rĂȘts des hĂ©ritiers directs en opposition aux intĂ©rĂȘts des membres collatĂ©raux de la dynastie au pouvoir. Plus encore, elles subordonnaient leurs propres intĂ©rĂȘts politiques Ă  l’amour pour leurs enfants, en particulier pour l’aĂźnĂ©7. Une telle disposition, axĂ©e sur le sacrifice de soi et considĂ©rĂ©e comme naturelle », devint un argument politique qui plaça les reines mĂšres au-dessus de leur condition secondaire, faisant de ce statut une rĂ©alitĂ© Ă  part, proche de la condition unique du roi. Bien que limitĂ©es formellement dans leur action politique, les mĂšres et veuves jouirent d’une autoritĂ© considĂ©rable qui s’exerça dans l’éducation du prince la tutelle et dans la gestion des affaires du royaume la rĂ©gence. La minoritĂ© du souverain se prĂ©senta donc comme une voie privilĂ©giĂ©e pour accĂ©der Ă  la royautĂ©, dont elles avaient le contrĂŽle par le puissant lien avec leurs fils, siĂšge corporel de l’autoritĂ©. De ce point de vue, la rĂ©gence devenait une sorte de prolongation de l’union royale, sphĂšre supĂ©rieure et unique couple roi-reine du pouvoir suprĂȘme, et le lieu d’exercice de la puissance fĂ©minine transfĂ©rĂ©e au couple mĂšre-fils. Ainsi, la loi salique moderne, qui assurait le monopole de la domination masculine, rĂ©intĂ©gra les femmes des princes dans la fonction royale par la crĂ©ation de la rĂ©gence, qui fut par la suite monopolisĂ©e par elles. Vu de prĂšs, ce mĂ©canisme juridique centrĂ© sur la loi salique crĂ©e une exclusion de droit avec une inclusion parallĂšle de droit. Ce dualisme montre d’une part l’impossibilitĂ© d’exclure de la dĂ©volution un acteur fondamental de la dynastie, et d’autre part le redoublement de l’autoritĂ© souveraine incarnĂ©e par l’épouse pendant la rĂ©gence, la mĂšre exerçait ses prĂ©rogatives au nom du prince en tant qu’extension des fonctions domestiques au domaine de l’État8. Certes, le pouvoir de rĂ©gence Ă©tait conditionnĂ© dans le temps, mais il ne l’était guĂšre dans ses prĂ©rogatives9. MĂȘme la crĂ©ation d’un Conseil de rĂ©gence prĂ©vu par les rois dans leur testament, pour contrĂŽler l’action des veuves, resta lettre morte dans la rĂ©alitĂ© politique, puisqu’il s’agissait d’un outil peu propice Ă  l’exercice du pouvoir absolu. 10 La typologie des rĂ©gences, d’absence momentanĂ©e, permanente ou de cumul, d’incapacitĂ© et de minor ... 11 Un cadre d’ensemble assez articulĂ© est proposĂ© par Cesarina Casanova, op. cit., dans un chapitre ... 6Ce qui ressort de cette Ă©volution de la puissance des femmes Ă  l’époque moderne, c’est que dans les pays rĂ©gis par la loi salique, comme la France et les États de Savoie, les mĂšres et les veuves eurent un rĂŽle dĂ©terminant dans la sauvegarde et la stabilisation de la dynastie, qui passait par le lien indissoluble, naturel », entre la mĂšre et le fils. C’est lĂ  le fondement de la tutelle maternelle et la motivation profonde du gouvernement des rĂ©gentes. Former le prince et prĂ©server les possessions de celui-ci jusqu’à ce qu’il soit en mesure de tenir lui-mĂȘme les rĂȘnes du pouvoir constituaient l’essentiel de cette fonction hautement politique. Or, comme les rĂ©gences de minoritĂ©, bien diffĂ©rentes des autres10, correspondaient souvent Ă  des pĂ©riodes de crises particuliĂšres suivant la mort du souverain et se voyaient soumises aux pressions des princes et des clientĂšles de cour, la tĂąche s’avĂ©rait exceptionnelle, mettant Ă  l’épreuve et forgeant des personnalitĂ©s de haute capacitĂ©. Aux XVIe et xviie siĂšcles, les exemples de femmes fortes » sont nombreux en France et dans les pays proches. Les discours politiques et les reprĂ©sentations littĂ©raires et artistiques Ă©laborĂšrent des modĂšles proches qui partagĂšrent des traits communs leurs vertus exceptionnelles, leur capacitĂ© Ă  gĂ©rer les intrigues politiques, leur vocation Ă  la paix et leur statut de mĂšres souveraines. À l’opposĂ©, leurs dĂ©tracteurs composĂšrent des portraits au noir dont les traits Ă©taient Ă©galement proches les dĂ©sordres sexuels, les arts magiques, la cruautĂ©, l’incapacitĂ©, la folie. Bref, les topoi de la misogynie classique – corruption, sorcellerie, insensibilitĂ© et faiblesse – furent mobilisĂ©s pour peindre un ĂȘtre faible dans le corps et dans l’esprit, incapable de diriger les affaires11. 12 Cf. Jean-François Dubost, Marie de MĂ©dicis. La reine dĂ©voilĂ©e, Paris, Payot, 2009, p. 228-248, no ... 13 Voir Marie-ThĂ©rĂšse Bouquet-Boyer, Turin et les musiciens de la cour, 1619-1775. Vie quotidienne e ... 14 Jean-François Dubost, op. cit., p. 246-247. 15 Ibidem, p. 633-634. 16 Costanza Ruggero, L’architecture de la magnificence. Le modĂšle du Valentino », in Giuliano Ferr ... 17 Jean-François Dubost, op. cit., p. 669. 7À ce sujet, le cas de Marie de MĂ©dicis, reine de France, et celui de Christine de France, sa fille, duchesse de Savoie, prĂ©sentent un parallĂ©lisme Ă©tonnant. DestinĂ©es d’abord Ă  occuper un rĂŽle subordonnĂ©, elles furent projetĂ©es sur le devant de la scĂšne politique par la disparition prĂ©maturĂ©e de leurs Ă©poux. Dans la premiĂšre partie de leur rĂšgne, elles constituĂšrent des clientĂšles littĂ©raires et artistiques organisĂ©es autour d’un vaste patronat. Dans le cas de Marie, cela se manifesta par le soutien au théùtre italien, qu’elle s’efforça d’introduire en France, et par l’appui Ă  la musique de cour de Robert Balard, le meilleur interprĂšte de son temps, que la reine pensionna et voulut Ă  son service12. Christine, quant Ă  elle, soutint la poĂ©sie, les ballets de cour, les fĂȘtes et les spectacles princiers. Tout cela donna Ă  la cour de Turin un Ă©clat qui en fit peu Ă  peu l’une des plus brillantes d’Europe13. Le goĂ»t français et le goĂ»t italien furent pratiquĂ©s des deux cĂŽtĂ©s des Alpes, certes de maniĂšre diffĂ©rente, mais avec bonheur. L’image de passeur culturel cultivĂ©e par les deux princesses est flagrante dans leur politique Ă©dilitaire. À Paris, Marie cĂ©lĂ©bra l’image de son Ă©poux, roi vainqueur et triomphant, par l’érection en 1614 d’un monument Ă©questre sur la place Dauphine, au milieu du Pont-Neuf, qui unissait l’art italien Ă  l’art français14. Marie fit Ă©galement Ă©difier Ă  partir de 1615 l’hĂŽtel du Luxembourg dans le faubourg Saint-Germain, qui s’inspirait du Palais Pitti de Florence, et dont la rĂ©alisation fut confiĂ©e Ă  des artistes français et, plus tard, au cĂ©lĂšbre Rubens, lorsque la reine s’efforça pour des raisons d’intĂ©gration politique de limiter la prĂ©sence des Italiens dans son entourage15. À Turin, Christine de France transforma le vieux chĂąteau du Valentino en luxueuse rĂ©sidence française, s’inspirant du modĂšle du Luxembourg de Paris16. Ces croisements de style et de culture pourraient ĂȘtre encore dĂ©veloppĂ©s Ă  travers les reprĂ©sentations picturales de Marie au Luxembourg, ou celles des portraits et gravures de Christine de France, dont les traits communs Ă©taient l’exaltation de la femme-roi dĂ©clinĂ©e Ă  travers ses vertus hĂ©roĂŻques, son statut de veuve et son gouvernement politique assurant le bonheur de ses peuples17. La dimension masculine » de leur Ɠuvre fĂ©minine » se traduit dans la reprĂ©sentation emblĂ©matique de l’amazone pour Marie dans le cycle de Rubens La Prise de Juliers et pour Christine dans les tableaux de Charles Dauphin. S’appropriant un mode de reprĂ©sentation du monarque, ces deux veuves souveraines s’affichent en guerriĂšres triomphatrices et en femmes fortes, une sorte de demi-dieu incarnant la domination politique, attribut traditionnel du monde masculin. Les rĂ©gences de Marie de MĂ©dicis et de Christine de France modĂšle et rĂ©ussite 18 Jean-François Dubost, op. cit., p. 295-542, 767-865 ; Stefano Tabacchi, op. cit., p. 109-246 ; 33 ... 8Les rĂ©gences des deux princesses furent dĂ©clarĂ©es dans des circonstances dramatiques. Pour Marie, ce fut l’assassinat de Henri IV en 1610, et pour Christine la disparition subite de Victor-AmĂ©dĂ©e Ier en 1637. Le contexte international tournait Ă  la guerre. En Europe, le conflit fut repoussĂ© grĂące aussi Ă  la volontĂ© de paix de Marie de MĂ©dicis, tandis que les dĂ©chirements de la sociĂ©tĂ© civile en Savoie couvaient du fait de la mort du duc qui laissait une succession fragile, avec deux enfants chĂ©tifs en bas Ăąge. Les deux rĂ©gentes subirent les effets des tensions et des contradictions de leurs pays, s’attirant l’éloge et la foudre au cours d’une parabole politique exemplaire, Ă©maillĂ©e de succĂšs et de difficultĂ©s. MalgrĂ© un bilan positif, les historiens ont encore aujourd’hui du mal Ă  leur attribuer le mĂ©rite d’avoir traversĂ© une longue crise en assurant au final la stabilitĂ© de leurs pays. Pourtant, les rĂšgnes de Louis XIII et de Charles-Emmanuel II sont issus du travail fondamental de ces femmes d’État18. 9Pour comprendre la nature et les rĂ©sultats historiques de ces deux rĂ©gences, nous dĂ©velopperons trois temps. Le premier concerne celui de l’éducation de l’enfant ainsi que sa relation avec la mĂšre ; le deuxiĂšme s’inscrit dans l’annonce de la majoritĂ© du prince et ses effets sur le gouvernement de la mĂšre ; le troisiĂšme Ă©claire le lien entre les acteurs principaux, qui influence l’issue politique des rĂ©gences elles-mĂȘmes. La construction de l’enfant amour et nĂ©gligence aristocratique 19 Jean-François Dubost, op. cit., p. 112-114. 20 Ibidem, p. 133-134, 140-141 ; Stefano Tabacchi, op. cit., p. 68-74. 21 Ce topos persiste dans la plupart des biographies du roi. Voir par exemple Pierre Chevalier, Loui ... 22 À ce sujet, voir l’excellent ouvrage de Caroline Maillet-Rao, La pensĂ©e politique des dĂ©vots. Mat ... 10Nous avons dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© le binĂŽme roi-reine comme antĂ©cĂ©dent essentiel du second binĂŽme mĂšre-enfant. Les travaux rĂ©cents ont montrĂ© qu’à partir de 1602 la reine fut progressivement initiĂ©e Ă  la politique par volontĂ© du roi, dans une position toutefois subordonnĂ©e, selon les dispositions de la loi salique rĂ©affirmĂ©e durant la crise de succession au trĂŽne19. Marie avait parfaitement rempli son contrat d’épouse en donnant en quelques annĂ©es Ă  son Ă©poux six enfants, dont trois garçons. La naissance du dauphin en 1601 avait en particulier fondĂ© une nouvelle dynastie et Ă©loignĂ© les dangers d’une guerre civile procĂ©dant d’une Ă©ventuelle stĂ©rilitĂ©. La fĂ©conditĂ© de la mĂšre fut alors interprĂ©tĂ©e comme la preuve de la prospĂ©ritĂ© retrouvĂ©e du royaume, et la naissance du petit Louis fut considĂ©rĂ©e comme la venue du Sauveur20. La satisfaction de la mĂšre et l’amour Ă©prouvĂ© Ă  l’égard de ses enfants ne purent trouver un meilleur contexte. Cependant l’historiographie traditionnelle, suivant l’image nĂ©gative de la reine forgĂ©e durant les diffĂ©rends politiques avec Louis XIII, a prĂ©sentĂ© la relation affective entre la mĂšre et le fils comme la cause de ce conflit. L’accusation courante fut que Marie avait Ă©tĂ© une mauvaise mĂšre, froide et absente, et que Louis l’aurait rejetĂ©e ensuite par rĂ©action21. Le rĂ©sultat fut de rĂ©duire la politique Ă  une relation affective et de transformer la question des choix stratĂ©giques de la monarchie Ă  une psychomachie d’universels Ă©thiques opposant la mĂšre et le fils. Richelieu, devenu le principal antagoniste de son ancienne protectrice, Ɠuvra puissamment pour favoriser une historiographie qui discrĂ©ditait la politique de Marie et de son parti Ă  la cour22. 23 Jean-François Dubost, op. cit., p. 146-151. Voir aussi l’analyse de Stefano Tabacchi, op. cit., p ... 24 Le roi afficha constamment sa volontĂ© de sĂ©parer les fonctions de mĂšre de celle de rĂ©gente et man ... 25 Cf. Jean-Christian Petit-fils, op. cit., p. 148-149, qui reconnaĂźt la modĂ©ration de Marie dans l’ ... 11Les recherches rĂ©centes ont montrĂ© une rĂ©alitĂ© bien plus nuancĂ©e. Marie s’occupa du dauphin et de ses enfants suivant les pratiques de l’aristocratie de son temps. Elle ne les Ă©duqua pas directement, ceci Ă©tant la tĂąche du personnel chargĂ© de la formation du prince – gouvernante, mĂ©decin et nourrice d’abord, gouverneur et prĂ©cepteur ensuite –, mais les accompagna dans leur quotidien et dans leur parcours se montrant plutĂŽt attentive et affectueuse. Le mĂ©decin HĂ©roard atteste dans son journal les Ă©changes rĂ©guliers entre Marie et Louis. Par exemple, elle transmit au dauphin son goĂ»t pour la musique, qu’il cultiva intensĂ©ment toute sa vie23. Le respect envers sa mĂšre, affichĂ© dans leurs diffĂ©rends politiques, est un marqueur significatif de leurs liens rĂ©ciproques et du fonctionnement de la relation mĂšre-fils24. Certains biographes de Louis XIII rappellent volontiers l’usage du fouet comme pratique Ă©ducative adoptĂ©e par la reine, oubliant non seulement que ce procĂ©dĂ© Ă©tait courant Ă  cette Ă©poque, mais surtout que Henri IV imposa une application trĂšs sĂ©vĂšre de cette discipline qu’il considĂ©rait nĂ©cessaire pour plier le caractĂšre vif et emportĂ© de son enfant. Ces duretĂ©s ne constituaient pas le cƓur de l’éducation du roi qui put dĂ©velopper des sentiments d’affection profonds Ă  l’égard de ses parents25. 26 Giuliano Ferretti, Un temps de mutations », op. cit., p. 267-269 ; Paolo Cozzo, Le clergĂ© de ... 27 Anne d’Autriche 1601 et Christine de France 1606 Ă©taient presque de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration. La pr ... 28 Gaudenzio Claretta, Storia del regno e dei tempi di Carlo Emanuele II duca di Savoia, GĂȘnes, Tip. ... 12L’expĂ©rience de Christine de France fut assez similaire Ă  celle de sa mĂšre. Dans le duchĂ© de Savoie, le rĂ©gime de dĂ©volution Ă©tait Ă©galement rĂ©glĂ© par la loi salique. Comme Marie, Christine s’avĂ©ra capable d’assurer rapidement la succession dynastique. Elle donna Ă  son Ă©poux cinq enfants, dont deux garçons, François-Hyacinthe nĂ© en 1632 et Charles-Emmanuel en 1634. TrĂšs jeune lors de son mariage 13 ans en 1619, elle fut associĂ©e par Victor-AmĂ©dĂ©e aux affaires vers 1628. Ses liens avec la France firent d’elle un mĂ©diateur idĂ©al pour les questions internationales. La princesse soutint les intĂ©rĂȘts du duchĂ© en consolidant l’influence française Ă  la cour de Turin. AprĂšs l’avĂšnement au trĂŽne de son Ă©poux 1630, elle devint le rĂ©fĂ©rent officieux du gouvernement de Richelieu. Christine assura Ă  sa progĂ©niture une Ă©ducation aristocratique soignĂ©e, assortie cependant d’une formation religieuse inspirĂ©e par la douceur dĂ©votionnelle de François de Sales, dont la princesse fut l’une des plus actives crĂ©atures. Les enfants firent l’objet d’une attention constante, alimentant des sentiments d’amitiĂ© rĂ©ciproques qui furent la marque des liens mutuels avec leur mĂšre26. De ce point de vue, l’éducation que Christine donna Ă  ses enfants s’éloigna de celle pratiquĂ©e par sa mĂšre et fut plus proche de celle qu’Anne d’Autriche donna Ă  Louis XIV et Ă  Philippe d’OrlĂ©ans. Ce rapprochement relevait en partie de l’écart gĂ©nĂ©rationnel entre ces souveraines et les changements historiques entre les normes sociales du XVIe siĂšcle finissant et celles du siĂšcle suivant27. Quoi qu’il en soit de ces Ă©volutions, les rapports entre Christine de France et son fils Charles-Emmanuel II furent marquĂ©s par une entente singuliĂšre qui ne se dĂ©mentit jamais28. Le goulot Ă©troit de la rĂ©gence. Un tournant dĂ©cisif ? 29 Jean-François Dubost, op. cit., p. 437-438 ; Jean-Christian Petit-fils, op. cit., p. 171-172 ; Er ... 13Le passage de la minoritĂ© Ă  la majoritĂ© du prince est un moment clef dans les sociĂ©tĂ©s d’Ancien rĂ©gime. FixĂ©e Ă  13 ans rĂ©volus, ce terme Ă©tait insuffisant pour gouverner rĂ©ellement, mais il avait l’avantage de limiter l’intervalle d’une minoritĂ© durant laquelle l’aristocratie Ă©tait plus indĂ©pendante et exerçait des pressions pour modifier Ă  son avantage l’équilibre avec la dynastie dominante. Le souverain avait ainsi besoin d’un temps d’apprentissage politique durant lequel le Conseil l’accompagnait dans la gouvernance du pays. Louis XIII et Charles-Emmanuel II sortirent de la tutelle de leurs mĂšres respectivement en 1614 et en 1648. La fin de la rĂ©gence fut dĂ©clarĂ©e publiquement, restituant aux jeunes souverains toute la latitude de leur autoritĂ©. Louis et Charles-Emmanuel, prĂ©parĂ©s par leur entourage, demandĂšrent aux rĂ©gentes de continuer les soins de leurs affaires29. Ainsi faisant, ils se cantonnĂšrent eux-mĂȘmes dans un rĂŽle domestique. L’inversion de statut au profit de la mĂšre n’était pas anodine, puisque en tant que chef du Conseil d’un prince majeur, celle-ci pouvait mener une politique propre, lĂ©gitimĂ©e par le souverain lui-mĂȘme. En outre, cette prolongation de pouvoir s’imposait naturellement puisqu’il Ă©tait confiĂ© Ă  celle qui place les intĂ©rĂȘts du souverain avant les siens propres. 30 Antony de Jasay, L’État, Paris, Les Belles Lettres, 1994, chap. I-II. 14Le rĂ©sultat d’un tel processus fut que la rĂ©gence prit les formes d’un systĂšme de pouvoir rĂ©gi par des normes juridiques qu’elle modifiait Ă  son avantage en prolongeant son existence, se comportant comme tout organisme politique au cours de sa longue existence, l’État moderne ne fit autrement30. Ainsi, l’autoritĂ© subordonnĂ©e des Ă©pouses, imposĂ©e par la loi salique, prit ici sa revanche. Aux XVIe-XVIIe siĂšcles la prĂ©sence des femmes aux sommets des monarchies et principautĂ©s europĂ©ennes corrigeait une exclusion dont le dĂ©faut majeur avait Ă©tĂ© de mal traduire la complexitĂ© des relations de l’aristocratie moderne. 15Dans les cas de Marie de MĂ©dicis et de Christine de France, leurs gouvernements eurent des temporalitĂ©s diffĂ©rentes trois ans pour la premiĂšre et quinze ans pour la seconde 1663. Certes, Marie revint au Conseil par deux fois, en 1622-1624 faiblement et en 1624-1630 nettement, mais toujours Ă  cĂŽtĂ© du roi et en partie avec Richelieu. Dans les deux cas, ce fut une gouvernance subordonnĂ©e et conditionnĂ©e par le vouloir du roi. Pourquoi donc une telle diffĂ©rence ? 16Cette temporalitĂ© frappe, lorsque l’on pense au poids exercĂ© par Marie sur les clientĂšles du royaume et Ă  sa longue expĂ©rience de gouvernement. Face Ă  elle, la duchesse de Savoie paraĂźt peu de chose sans expĂ©rience politique, Ă©crasĂ©e par l’occupation Ă©trangĂšre, fragilisĂ©e par l’opposition de ses beaux-frĂšres, anĂ©antie ou presque par la guerre civile et la guerre de Trente ans. Pourtant elle rĂ©ussit Ă  surmonter tous ces obstacles et Ă  garder la direction de l’État jusqu’à sa mort. D’une part se remarquent la force et la hauteur de vue, de l’autre la faiblesse et les limites d’une princesse de rang infĂ©rieur. Elles apparaissent comme l’aigle et la colombe prises dans un tourbillon dont l’issue pourtant annoncĂ©e d’avance, fut tout autre. La raison d’une telle diffĂ©rence de rĂ©sultat rĂ©side dans la capacitĂ© de ces souveraines Ă  inscrire leur rĂŽle dans le binĂŽme juridico-politique mĂšre-fils. Marie de MĂ©dicis aprĂšs 1614 la place du roi 31 Jean-Christian Petit-fils, op. cit., p. 209-210 ; Jean-François Dubost, op. cit., p. 539. 32 Ibidem, p. 504-520. 17Devenu majeur, Louis XIII manifesta assez tĂŽt le dĂ©sir de siĂ©ger au Conseil pour entamer sa formation de roi, nourrissant depuis tout petit une haute conception de son rĂŽle. Marie de MĂ©dicis l’entendait diffĂ©remment et l’éloigna des affaires publiques31. L’adolescent royal exprima inutilement son ambition, puis dĂ©veloppa une sourde hostilitĂ© Ă  l’égard de sa mĂšre. Tant que le contexte politique fut favorable Ă  Marie de MĂ©dicis, la situation resta stable. Entre 1614 et 1615, elle fit preuve d’habiletĂ© en gĂ©rant la convocation des États gĂ©nĂ©raux Ă  l’avantage de la monarchie et de l’orientation absolutiste qu’elle Ă©tait en train d’affirmer. De plus, l’économie et les finances prĂ©sentaient des rĂ©sultats encourageants. En 1616, les tensions avec le prince de CondĂ© d’un cĂŽtĂ© et le changement des ministres dans le gouvernement de l’autre cĂŽtĂ©, associĂ© Ă  la faveur croissante des Concini, suscitĂšrent des rĂ©serves dans le pays, notamment de la part de l’aristocratie qui se voyait exclue, avec ses nombreuses clientĂšles, de la distribution des bienfaits du roi32. 33 Ibidem, p. 521-541, 592-603, 604-617. Cf. aussi, HĂ©lĂšne Duccini, Concini. Grandeur et misĂšre du f ... 34 Jean-François Dubost, op. cit., p. 640-650, 744-804. 18Ces changements prĂ©paraient le climat dont Louis XIII avait besoin pour se dĂ©gager de la tutelle prolongĂ©e de sa mĂšre. Il fit part Ă  la reine mĂšre de ses rĂ©serves sur le ministĂšre Concini, sans rĂ©sultat notable. Ensuite, la frustration de se voir toujours Ă  l’écart alimenta le projet d’un coup d’État que le roi anima avec son entourage en avril 1617. Cela dĂ©boucha sur la fin tragique des Concini, le renversement du gouvernement et l’éloignement de Marie de MĂ©dicis. L’attitude de cette derniĂšre est ce qui frappe le plus. Au lieu de prendre acte de la dĂ©cision du roi, qui avait montrĂ© par la violence de sa rĂ©volte sa dĂ©termination Ă  diriger l’État avec l’aide de son entourage dominĂ© par Luynes, elle s’y opposa en mobilisant les clientĂšles aristocratiques qu’elle avait auparavant combattues au nom de la monarchie. Elle poussa sa rĂ©sistance jusqu’à prendre les armes contre le roi, en 1619 mars-avril et en 1620 juin-aoĂ»t. Dans les deux cas, Ă  l’instar de CondĂ© et des Grands pendant sa rĂ©gence, elle fit un usage fructueux de la rĂ©volte politique, qui connut un succĂšs non nĂ©gligeable33. Elle obtint en effet de rester Ă  Paris, puis la confirmation de ses charges territoriales, le maintien de ses pensions et enfin une sensible augmentation de ses revenus. La paix et l’unitĂ© de la dynastie furent payĂ©es par le roi, qui toutefois imposait sa politique. C’était une solution rĂ©aliste qui permit en 1622 Ă  Marie de revenir aux affaires. La reine mĂšre et son parti tirĂšrent avantage de la mort de Luynes et de la sortie de CondĂ© du royaume pour consolider leur influence Ă  la cour. En 1624, les dĂ©vots parvinrent ainsi Ă  faire appeler au Conseil le cardinal de Richelieu, crĂ©ature » de la reine mĂšre. DĂšs lors, la montĂ©e en puissance des dĂ©vots obligea le roi Ă  partager la direction de la monarchie avec sa mĂšre et le cardinal. En 1630, une nouvelle crise avec le roi, doublĂ©e d’une autre avec Richelieu, la chassa dĂ©finitivement du pouvoir34. Marie entama alors un long exil qui se conclut par sa mort Ă  l’étranger en 1642. 35 Cf. Ă  ce sujet Christian Jouaud, Richelieu et l’écriture du pouvoir. Autour de la JournĂ©e des Dup ... 19Les historiens se sont longuement interrogĂ©s sur les causes de cette ultime mĂ©sentente sans pouvoir avancer de rĂ©ponse satisfaisante Ă  cause du silence que Louis XIII – roi tacitien – garda scrupuleusement sur l’un des Ă©vĂ©nements-phares de son rĂšgne35. Sans entrer dans ce dĂ©bat, il suffira de rappeler deux aspects fondamentaux. D’abord la capacitĂ© de Marie Ă  revenir au gouvernement aprĂšs 1617, dans des conditions difficiles, aggravĂ©es par sa rĂ©volte militaire, et ensuite de s’y installer en disposant d’un puissant parti et de l’un des meilleurs hommes politiques de son temps. Cela prouve ses compĂ©tences politiques considĂ©rables que les historiens, Ă  l’exception de Dubost, ont eu du mal Ă  lui reconnaĂźtre. Grande aristocrate descendant des MĂ©dicis et des Habsbourg, elle sut s’adapter au contexte français en se dotant d’une vaste clientĂšle aristocratique et financiĂšre qu’elle utilisa Ă  son profit, au dĂ©but de sa carriĂšre pour s’opposer aux Grands qui voulaient contrĂŽler la monarchie, et plus tard pour combattre la dĂ©cision du roi de l’exclure des affaires publiques. Il convient de souligner la dĂ©termination de Marie Ă  poursuivre sa lutte pour le pouvoir mĂȘme aprĂšs l’échec de 1630 et sa sortie du royaume. Pendant de longues annĂ©es, elle ne cessa de se battre pour mobiliser ses rĂ©seaux nobiliaires et exercer des pressions sur Louis XIII afin de pouvoir rentrer en France, ce qui signifiait, pour elle, retrouver son rang de reine de France. Jusqu’à la fin, la vision politique de Marie de MĂ©dicis resta celle d’une grande aristocrate, d’une des grandes personnalitĂ©s politiques de son temps Ă  qui revenait de droit sa place dans la France monarchique. Christine de France aprĂšs 1637 la lutte pour la rĂ©gence 36 Giuliano Ferretti, Un temps de mutations. Le duchĂ© de Savoie face aux monarchies europĂ©ennes », ... 37 Ercole Ricotti, Storia della monarchia piemontese, op. cit., p. 61-67. 38 Giuliano Ferretti, Un temps de mutations. Le duchĂ© de Savoie face aux monarchies europĂ©ennes », ... 20Le parcours politique de Christine de France apparaĂźt plus linĂ©aire et plus difficile du fait des circonstances historiques. Si elle subit des contraintes analogues Ă  celles de Marie de MĂ©dicis – femme Ă©trangĂšre sans rĂ©seaux autonomes – elle hĂ©rita d’un pouvoir plus fragile et d’un contexte hostile. DĂšs 1629 les États de Savoie Ă©taient occupĂ©s par les armĂ©es françaises, et le duchĂ© endurait une grave crise Ă©conomique. La rĂ©gence fut proclamĂ©e dans des conditions douteuses, avec l’appui de la France, ce qui affaiblit l’autoritĂ© de la souveraine dans un pays ennemi de l’occupation Ă©trangĂšre et de la guerre. En outre, la rĂ©gence de Christine, vite contestĂ©e par ses beaux-frĂšres, fut encore amoindrie en 1638 par la mort du petit duc François-Hyacinthe, compliquant le transfert de sa dĂ©lĂ©gation sur le successeur Charles-Emmanuel. Cette situation prĂ©cipita le pays dans la guerre civile en le divisant en deux groupes, l’un favorable Ă  la rĂ©gente, l’autre aux beaux-frĂšres de la duchesse. Ces derniers rĂ©clamaient l’accĂšs Ă  la rĂ©gence en obtenant l’appui de l’Empire et de l’Espagne, Ă©videmment intĂ©ressĂ©s Ă  contrĂŽler les affaires de la pĂ©ninsule. Ce double antagonisme, Ă  l’intĂ©rieur entre les membres de la dynastie, et Ă  l’extĂ©rieur entre les grandes puissances europĂ©ennes aggrava la lutte intestine qui ruina le pays de 1638 Ă  1641. DĂšs son arrivĂ©e Ă  Turin, Christine avait travaillĂ© Ă  renforcer le parti français Ă  la cour, qui constitua le premier noyau du groupe piĂ©montais et savoyard qui dirigea le pays aprĂšs 1637. Durant ces annĂ©es terribles, la duchesse sut tenir le cap entre la pression militaire de la France de Louis XIII et celle des princes Maurice et Thomas de Savoie puissamment soutenus par l’Espagne. La sortie de crise se fit par un compromis subtil entre fidĂ©litĂ© Ă  la France, dont Christine avait besoin pour survivre, et dĂ©fense de l’autonomie du duchĂ© face Ă  la France et Ă  l’Espagne. Cet Ă©quilibre difficile permit Ă  la duchesse de garder le contrĂŽle de l’État. Les accords de paix traduisaient le compromis entre les groupes en lutte. Le duchĂ© fut divisĂ© en trois zones d’influence au sud Maurice de Savoie reçut la lieutenance de Nice avec ses possessions territoriales, au nord-est son frĂšre Thomas obtint celle d’IvrĂ©e avec ses dĂ©pendances et Christine garda le reste du duchĂ©36. La rĂ©gence resta Ă  Christine, mais sous condition puisque les beaux-frĂšres obtinrent un droit de regard dans les questions les plus importantes de l’État. Cette solution ne convenait qu’en partie Ă  Christine. Elle savait que son entente avec le petit duc et la qualitĂ© de leurs relations, toujours soutenues par son amour envers le souverain, lui confĂ©raient une pleine lĂ©gitimitĂ©. Lorsqu’en 1648 Charles-Emmanuel atteignit la majoritĂ©, elle organisa une savante mise en scĂšne pour pouvoir continuer Ă  diriger les affaires publiques. Profitant de l’absence de Thomas de Savoie de son gouvernement d’IvrĂ©e, Christine prit possession de cette place d’oĂč elle fit proclamer la fin de la rĂ©gence, et se fit attribuer par son fils la direction du gouvernement. Ce coup d’État, comme il fut dĂ©fini par les historiens piĂ©montais, fut un coup de maĂźtre selon la thĂ©orie de Gabriel NaudĂ©37. Le passage officiel des consignes du fils Ă  la mĂšre fut assurĂ© par les ministres et les grands officiers de son Conseil. Les membres de l’ancien parti français, soudĂ©s et expĂ©rimentĂ©s par des annĂ©es de crise et de guerre, prirent la relĂšve et se prĂ©parĂšrent Ă  gouverner sous leur souverain. Un plan de renforcement de l’autoritĂ© ducale fut dĂ©veloppĂ© par la recomposition du Conseil et des institutions principales dans lesquels la duchesse nomma ses proches. Le solide groupe d’aristocrates et de robins, qui avait longuement servi la duchesse, assura le gros des affaires d’État. Dans la dĂ©cennie qui sĂ©pare la majoritĂ© du duc de la fin du rĂšgne de Christine de France 1663, cette Ă©lite rĂ©ussit Ă  consolider la structure administrative du duchĂ© et Ă  en assurer la modernisation38. Ces rĂ©sultats furent possibles grĂące Ă  la stabilitĂ© des relations entre Christine et Charles-Emmanuel. Celui-ci laissa Ă  sa mĂšre la direction de l’État jusqu’à la disparition de celle-ci, puis prit simplement la succession qui lui revenait de droit. Le parallĂšle entre Louis XIV et sa mĂšre assistĂ©e par Mazarin est flagrant. Acteurs et enjeux 21Dans ce jeu de rapprochement et de parallĂšles – on l’aura remarquĂ© – les acteurs sont les mĂȘmes ou presque. Comme le temps historique peut ĂȘtre proche ! Louis XIII, Marie de MĂ©dicis, Richelieu, Christine de France et Charles-Emmanuel II s’alternent sur la mĂȘme scĂšne. Des liens de parentĂ©, Ă©galement Ă©troits, des droits similaires loi salique et un voisinage gĂ©opolitique complĂštent le cadre. Tout cela permet d’asseoir notre rĂ©flexion sur des solides Ă©lĂ©ments communs. 22Certes, la monarchie de France et les États de Savoie ne sont comparables ni sur un plan Ă©tatique, ni sur un plan socio-politique. Il suffit de mettre en parallĂšle la grandeur de Marie de MĂ©dicis, c’est-Ă -dire son rang, essentiel dans cette civilisation des hiĂ©rarchies sociales, pour mesurer la distance qui la sĂ©pare de sa fille. Comment imaginer que la premiĂšre ait pu chuter et la seconde tout surmonter et imposer sa volontĂ© politique jusqu’à la fin ? Nous en avons montrĂ© les raisons que l’on rĂ©sumera ainsi d’abord la fidĂ©litĂ© au lien fondamental mĂšre-fils, c’est-Ă -dire le respect du pacte implicite qui lie ces deux personnes sur le plan personnel et institutionnel. Ce binĂŽme renvoie Ă  la nature propre de la rĂ©gence une dĂ©lĂ©gation de l’autoritĂ© souveraine dans des conditions spĂ©cifiques assortie d’une hiĂ©rarchie supĂ©rieur-infĂ©rieur qui, dans un milieu nobiliaire, est comme l’étoile polaire pour le voyageur. DĂ©lĂ©gation et subordination au dĂ©tenteur de la souverainetĂ© sont la marque propre de l’institution de la rĂ©gence qui rappelle la condition d’un ministre. L’on pourrait dire qu’une rĂ©gente est une sorte de ministre d’État, avec cette diffĂ©rence qu’une mĂšre s’impose plus facilement Ă  son fils qu’un ministre Ă  un roi. 23Nous avons vu Ă  quel point Marie de MĂ©dicis refoula l’ambition d’un Louis XIII majeur de participer aux affaires. Nous avons soulignĂ© combien la reine mĂšre s’opposa Ă  la dĂ©cision de son fils de diriger l’État seul. Tout au contraire, Christine de France se tint constamment dans le respect de son rĂŽle, prolongeant sa dĂ©lĂ©gation au-delĂ  de l’ñge juridiquement adulte » de Charles-Emmanuel tout en s’assurant de l’accord rĂ©el de ce dernier pour continuer l’exercice de son mandat. 39 Cf. Elisabetta Lurgo, Philippe d’OrlĂ©ans, Paris, Perrin, 2018, p. 29-53, 97-101, ici p. 99. 24En France, le cadre tendu mĂšre-fils fut aggravĂ© par les divisions au sein de la famille royale, Louis XIII et ses frĂšres ayant entretenu des rapports conflictuels permanents. Ce fut en partie Ă  cause des dĂ©sordres sexuels de Henri IV, et en partie Ă  cause de l’attitude de Marie de MĂ©dicis qui ne sut apporter le tempĂ©rament nĂ©cessaire Ă  des inimitiĂ©s qui devinrent, Ă  l’ñge adulte, des rivalitĂ©s politiques majeures. Ce danger fut Ă©vitĂ© par Anne d’Autriche et Mazarin, qui furent parfaitement conscients du poids de la fratrie dans les affaires d’État39. 25En Savoie, la situation fut moins difficile car les deux hĂ©ritiers se succĂ©dĂšrent dans leurs droits pendant leur enfance. Quant aux tensions, certes fortes, avec les deux beaux-frĂšres, elles Ă©taient extĂ©rieures Ă  la famille ducale et ne pouvaient menacer la relation entre le petit duc et sa mĂšre. 40 Jean-François Dubost, op. cit., p. 620-625. 41 Ibidem, p. 621 ; Orest Ranum, Les crĂ©atures de Richelieu, Paris, PĂ©done, 1966, p. 179-203. 42 Jean-François Dubost, op. cit., p. 744-747. 26Un deuxiĂšme Ă©lĂ©ment mĂ©rite rĂ©flexion. Louis XIII aurait pu gouverner avec sa mĂšre comme celui-ci le fit d’abord avec ses ministres puis avec Richelieu. Cette hypothĂšse se heurte Ă  l’attitude de ce dernier qui se positionna consciemment et progressivement en concurrent de la reine mĂšre. L’influence du ministre se construisit en deux Ă©tapes, l’une portant sur le contrĂŽle de la maison de la reine, et l’autre sur celui de la maison » du roi l’État lui-mĂȘme. Dans les deux cas, le cardinal en devint le dominus, cela est bien connu. Ce qui l’est moins, c’est la mĂ©thode pratiquĂ©e durant son escalade vers le pouvoir. À partir de la paix d’Angers de 1620 qui rĂ©tablit la puissance politique de la reine mĂšre, la clientĂšle de la reine fut profondĂ©ment renouvelĂ©e40. Ayant obtenu les surintendances des maisons et finances de la reine mĂšre, Richelieu s’appuya sur les hommes en place avant de les remplacer par ses fidĂšles et sa famille. L’entourage franco-italien de Marie fut Ă©loignĂ© tandis que les serviteurs français furent le plus souvent dĂ©tournĂ©s Ă  son profit. Le cas de Bullion, membre du Conseil de la reine depuis 1606, est exemplaire puisqu’il devint l’une des plus fidĂšles crĂ©atures du cardinal41. La stratĂ©gie de Richelieu fut, comme le dit bien Dubost, celle du coucou. En quelques annĂ©es, les finances et la maison de Marie furent noyautĂ©es par le ministre qui en contrĂŽla les nominations et le fonctionnement. ArrivĂ© au gouvernement, protĂ©gĂ© de Marie et reprĂ©sentant des dĂ©vots, il utilisa le mĂȘme procĂ©dĂ© avec le personnel ministĂ©riel et parvint Ă  exercer le contrĂŽle sur les affaires du roi. Les deux filiĂšres appartenaient aux deux souverains, mais les officiers furent liĂ©s au cardinal par un serment de fidĂ©litĂ© prĂ©liminaire42. En quelques annĂ©es, le cardinal disposa d’un patronage capable de concurrencer ouvertement celui de la reine. L’alliance de Richelieu avec CondĂ©, ancien rival et ennemi de Marie, acheva ce processus, permettant au principal ministre de pouvoir se soutenir sans l’appui de Marie. La prise de La Rochelle en 1628 lui apporta l’assise politique dont il avait besoin pour se tourner exclusivement vers le roi et abandonner son ancienne protectrice. 43 Cf. supra, p. 6, note 1. 27Il est clair que le cƓur du conflit rĂ©sidait dans leurs patronages, dont la force et l’extension influençaient l’orientation de la monarchie. L’historiographie de cette Ă©poque, dominĂ©e par le cardinal, prĂ©senta cette opposition comme une affaire personnelle et fĂ©minine, s’orientant vers un projet politique erronĂ©. Or, les Ă©tudes rĂ©centes ont montrĂ© que les dĂ©vots tant dĂ©criĂ©s par l’historiographie ministĂ©rielle Ă©taient aussi absolutistes et belliqueux que Richelieu. Le vĂ©ritable enjeu de leur opposition concernait le ministĂ©riat en tant que dĂ©lĂ©gation stable de l’autoritĂ© royale Ă  un ministre principal qui pouvait devenir presque l’égal du roi43. La cĂ©lĂšbre JournĂ©e des Dupes se rĂ©duit ici Ă  une rĂ©volution de palais. 28Finalement, la question de la rĂ©gence avec ses temps de prolongation rĂ©vĂšle la nature de l’enjeu la conquĂȘte du gouvernement de l’État menĂ©e par des groupes rivaux dans lesquels les rĂ©gentes jouent un rĂŽle fondamental, plus important que celui que leur accorde l’historiographie actuelle. 29Lorsque l’on observe l’échec de la reine Marie de MĂ©dicis, on comprend qu’elle commit une erreur fatale elle Ă©valua le pouvoir de Richelieu selon sa culture nobiliaire, en oubliant la lutte farouche que se livraient les monarques roi ou ducs, peu importe et leurs aristocraties pour le contrĂŽle de l’État. Pour Marie, Richelieu Ă©tait sa crĂ©ature », qui agissait comme son mĂ©diateur dans les affaires publiques. Elle oublia la mĂ©thode qu’elle-mĂȘme avait pratiquĂ©e avec le roi et qui correspondait aux pratiques sociales de son temps changer de parti en fonction de ses intĂ©rĂȘts de rang ou de groupe socio-politique professionnel dirions-nous aujourd’hui qui tirait son pouvoir richesse et lĂ©gitimitĂ© de la possession de ses fonctions supĂ©rieures. L’Ɠuvre de Richelieu fut de donner consistance Ă  un groupe ministĂ©riel et de le diriger Ă  son profit et au profit de son roi, ce dont il montra d’ĂȘtre fort capable. 30Cette leçon fut impartie Ă  Marie de MĂ©dicis avec la duretĂ© que l’on connaĂźt l’échec et le bannissement Ă  jamais de la monarchie et de son fils. Toutefois cette leçon dut ĂȘtre transmise de la mĂšre Ă  la fille, car Christine, qui avait affermi sa rĂ©gence grĂące Ă  la protection internationale de la France, livra une bataille acharnĂ©e contre Richelieu lorsqu’il lui rĂ©clama la cession de plusieurs territoires pour la protĂ©ger » de l’invasion des Espagnols. Le connaissant, la duchesse comprit que l’enjeu fondamental Ă©tait de se maintenir en disposant d’une autoritĂ© dĂ©lĂ©guĂ©e pleine, lĂ©gitime et surtout autonome. Au cours de la confĂ©rence de Grenoble 1639 qui devait dĂ©cider du sort de la guerre civile et de la survie du duchĂ©, elle coupa court aux menaces du ministre et s’adressa directement au roi, dont elle rĂ©clama le soutien au nom de la fidĂ©litĂ© et de l’alliance qu’elle-mĂȘme lui avait toujours prouvĂ©e. Louis XIII y rĂ©pondit positivement. Les liens qui unissaient la dynastie, cette fois entre frĂšre et sƓur, portĂšrent leurs fruits. 31La duchesse avait saisi d’emblĂ©e que l’opposition, voire la rupture, Ă  l’égard de l’autoritĂ© du roi aurait brisĂ© la hiĂ©rarchie d’ordre qui lĂ©gitimait leur pouvoir. Son instinct de fille de France lui dicta qu’une rĂ©gente, fut-elle reine et mĂšre, ne pouvait oublier ce lien indissoluble avec le droit royal. Haut de page Notes 1 Sur ces questions voir principalement AndrĂ© Corvisier, Les rĂ©gences en Europe, Paris, PUF, 2002 ; Fanny Cosandey, La reine de France, symbole et pouvoir, Paris, Gallimard, 2000 ; id., De lance en quenouille. La place de la reine dans l’État moderne XIVe-XVIIIe siĂšcle », Annales HSS, 52-4, 1997, p. 799-820 ; id., De la loi salique Ă  la rĂ©gence. Le parcours singulier du pouvoir des reines », in Franca Varallo, dir., In assenza del re. Le reggenti dal XIV al XVII secolo, Florence, Olschki, 2014, p. 183-197, ici p. 187-188 ; Cesarina Casanova, Regine per caso. Donne al governo in Ă©tĂ  moderna, Rome-Bari, Laterza, 2014, p. 102-103, 158-159. Cf. Ă©galement Françoise Barry, Les droits de la reine sous la monarchie françoise jusqu’en 1789, Paris, Donat-MontchrĂ©tien, 1932 ; Reines et princesses au Moyen Âge, Montpellier, Les cahiers du CRISIMA, no 5, 2001, 2 vol. ; BartolomĂ© Bennassar, Le Lit, le Pouvoir et la Mort. Reines et princesses d’Europe de la Renaissance aux LumiĂšres, Paris, Éd. de Fallois, 2006. 2 Cesarina Casanova, op. cit., p. 78-81. Elle utilise les travaux classiques de Berghenroth 1868, Hillebrand 1869, Heiss 1889 et Dennis 1956, ainsi que les rĂ©sultats de Bethany Aram, Juana the Mad. Sovereignity and Dinasty in Renaissance Europe, Baltimore, Johns Hopkins University, 2005. 3 Cesarina Casanova, op. cit., p. 56-58. 4 Fanny Cosandey, De la loi salique Ă  la rĂ©gence », op. cit., p. 183. 5 Cesarina Casanova, op. cit., p. 57. 6 Cf. Élie. Barnavi, Mythes et rĂ©alitĂ© historique le cas de la loi salique », Histoire, Economie et sociĂ©tĂ©, vol. 3, no 3, 1984, p. 323-337 ; Katherine Crawford, Perilous Performance. Gender and Regency in Early Modern France, Cambridge Mass., Harvard UP, 2004 ; Ralph E. Giesey, Le rĂŽle mĂ©connu de la loi salique. La succession royale XIVe-XVIe siĂšcle, Paris, Les Belles Lettres, 2007. 7 Cesarina Casanova, op. cit., p. 84. 8 Fanny Cosandey, Quelques rĂ©flexions sur les transmissions royales maternelles la succession de Catherine de MĂ©dicis », in G. Calvi, dir., Women Rulers in Europe. Agency, Practive and the Representation of Political Powers XII-XVIII, Institut Universitaire EuropĂ©en, Florence, HEC, 02, 2008, p. 62-71 ; Cesarina Casanova, op. cit., p. 82-83. 9 Fanny Cosandey, De la loi salique Ă  la rĂ©gence », op. cit., p. 192-195 ; id., Puissance maternelle et pouvoir politique la rĂ©gence des reines mĂšres », Clio, Histoire, Femmes et sociĂ©tĂ©s, no 21, 2005, p. 69-90. Cf. aussi AurĂ©lie Du Crest, ModĂšle familial et pouvoir monarchique, Presses Universitaires d’Aix-Marseille, 2002. 10 La typologie des rĂ©gences, d’absence momentanĂ©e, permanente ou de cumul, d’incapacitĂ© et de minoritĂ©, a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e par AndrĂ© Corvisier, op. cit., p. 1-135. 11 Un cadre d’ensemble assez articulĂ© est proposĂ© par Cesarina Casanova, op. cit., dans un chapitre Ă©loquent Regine cattive, regine buone », p. 56-81. 12 Cf. Jean-François Dubost, Marie de MĂ©dicis. La reine dĂ©voilĂ©e, Paris, Payot, 2009, p. 228-248, notamment p. 238-240. Livre fondamental tant pour sa capacitĂ© Ă  renouveler l’historiographie sur le sujet. Voir aussi Stefano Tabacchi, Maria de’ Medici, Rome, Salerno Editrice, 2012, p. 99-108. Sur le rĂŽle de la musique sous les premiers Bourbons voir Georgie Durosoir, dir., PoĂ©sie, musique et sociĂ©tĂ©. L’air de cour en France au XVIIe siĂšcle, Sprimont LiĂšge, Mardaga, 2006. Marie de MĂ©dicis promut Ă©galement le ballet de cour. Cf. Margaret McGowan, L’art du ballet de cour en France 1581-1643, Paris, 1963 ; Marie-ThĂ©rĂšse Bouquet-Boyer, dir., Le ballet aux XVIe et XVIIe siĂšcles en France et Ă  la cour de Savoie, GenĂšve, Slatkine, 1992 ; Sarah R. Cohen, Art, dance, and the body in French culture of the Ancient RĂ©gime, Cambridge, New York, 2000. 13 Voir Marie-ThĂ©rĂšse Bouquet-Boyer, Turin et les musiciens de la cour, 1619-1775. Vie quotidienne et production artistique, doctorat d’État sous la dir. de Roland Mousnier, Paris-Sorbonne, 1987 ; id., Le ballet aux XVIe et XVIIe siĂšcles en France et Ă  la cour de Savoie, op. cit. ; Michela Di Macco et Giovanni Romano, dir., Diana trionfatrice arte di corte nel Piemonte del Seicento, Turin, Allemandi, 1989. Christine de France a rĂ©cemment fait l’objet d’un renouveau d’études cf. Giuliano Ferretti, dir., De Paris Ă  Turin. Christine de France duchesse de Savoie, Paris, L’Harmattan, 2014 ; id., dir., Christine de France et son siĂšcle, numĂ©ro spĂ©cial revue Dix-septiĂšme siĂšcle, janvier 2014, no 262 ; id., dir., L’État, la cour et la ville. Le duchĂ© de Savoie au temps de Christine de France, 1618-1663, Paris, Classiques Garnier, 2017. 14 Jean-François Dubost, op. cit., p. 246-247. 15 Ibidem, p. 633-634. 16 Costanza Ruggero, L’architecture de la magnificence. Le modĂšle du Valentino », in Giuliano Ferretti, L’État, la cour et la ville, op. cit., p. 475-511. 17 Jean-François Dubost, op. cit., p. 669. 18 Jean-François Dubost, op. cit., p. 295-542, 767-865 ; Stefano Tabacchi, op. cit., p. 109-246 ; 337-392 ; Giuliano Ferretti, Un temps de mutations. Le duchĂ© de Savoie face aux monarchies europĂ©ennes. Le rĂšgne de Victor-AmĂ©dĂ©e Ier et de Christine de France 1630-1663 », in id., dir., Les États de Savoie, du duchĂ© Ă  l’unitĂ© d’Italie 1416-1861, Paris, Classiques Garnier, 2019, p. 243-283. 19 Jean-François Dubost, op. cit., p. 112-114. 20 Ibidem, p. 133-134, 140-141 ; Stefano Tabacchi, op. cit., p. 68-74. 21 Ce topos persiste dans la plupart des biographies du roi. Voir par exemple Pierre Chevalier, Louis XIII, roi cornĂ©lien, Paris, Fayard, 1979, p. 39-44 et Jean-Christian Petit-fils, Louis XIII, Paris, Perrin, 2008, p. 147-149, 209-211. Tabacchi reste en partie dans ce schĂ©ma en affirmant que Marie montrait une non elevata capacitĂ  di comunicazione affettiva » avec son fils Maria de’ Medici, op. cit., p. 73. 22 À ce sujet, voir l’excellent ouvrage de Caroline Maillet-Rao, La pensĂ©e politique des dĂ©vots. Mathieu de Morgues et Michel de Marillac. Une opposition au ministĂ©riat du cardinal de Richelieu, Paris, H. Champion, 2015. Cf. Ă©galement, Giuliano Ferretti, Richelieu et les historiographes au XVIIe siĂšcle », in Chantal Grell, dir., Les Historiographes en Europe de la fin du Moyen Âge Ă  la RĂ©volution, Paris, PUPS, 2006, p. 325-343. 23 Jean-François Dubost, op. cit., p. 146-151. Voir aussi l’analyse de Stefano Tabacchi, op. cit., p. 70-72. 24 Le roi afficha constamment sa volontĂ© de sĂ©parer les fonctions de mĂšre de celle de rĂ©gente et manifesta Ă  Marie son respect, qui fut constant mĂȘme durant leurs guerres et leur Ă©loignement. Cf. Jean-François Dubost, op. cit., p. 538-541, 686-687 ; Jean-Christian Petit-fils, op. cit., p. 233, 240-241, 270-271. Pendant la crise de 1630, Richelieu fit preuve de grande habiletĂ© en essuyant les griefs de la reine mĂšre sans jamais se dĂ©partir du respect qu’il lui devait en tant que personne royale. Cela fut apprĂ©ciĂ© par le roi Jean-François Dubost, op. cit., p. 777-779. Plus en gĂ©nĂ©ral, voir Ibidem, p. 767-783. 25 Cf. Jean-Christian Petit-fils, op. cit., p. 148-149, qui reconnaĂźt la modĂ©ration de Marie dans l’usage du fouet Ibidem, p. 49, sans pour autant dĂ©passer les prĂ©jugĂ©s Ă  l’égard de celle-ci Ibidem, p. 138-139. 26 Giuliano Ferretti, Un temps de mutations », op. cit., p. 267-269 ; Paolo Cozzo, Le clergĂ© de cour entre service spirituel et fonction politique », in Giuliano Ferretti, L’État, la cour et la ville, op. cit., p. 258-259, 266. 27 Anne d’Autriche 1601 et Christine de France 1606 Ă©taient presque de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration. La proximitĂ© de leurs rĂŽles se voit dans leurs portraits qui ont parfois Ă©tĂ© confondus elles Ă©taient proches par leur symbolique de veuves et rĂ©gentes. Cf. Florine Vital-Durand, Les portraits de cour dans le rĂ©seau europĂ©en de Christine de France », in Ibidem, p. 303. 28 Gaudenzio Claretta, Storia del regno e dei tempi di Carlo Emanuele II duca di Savoia, GĂȘnes, Tip. Regio Istituto dei sordo-muti, vol. II, 1878, chap. I et III. 29 Jean-François Dubost, op. cit., p. 437-438 ; Jean-Christian Petit-fils, op. cit., p. 171-172 ; Ercole Ricotti, Storia della monarchia piemontese, vol. VI, Florence, G. BarbĂšra, 1869, p. 61-67. 30 Antony de Jasay, L’État, Paris, Les Belles Lettres, 1994, chap. I-II. 31 Jean-Christian Petit-fils, op. cit., p. 209-210 ; Jean-François Dubost, op. cit., p. 539. 32 Ibidem, p. 504-520. 33 Ibidem, p. 521-541, 592-603, 604-617. Cf. aussi, HĂ©lĂšne Duccini, Concini. Grandeur et misĂšre du favori de Marie de MĂ©dicis, Paris, Albin Michel, 1991 ; Arlette Jouanna, Le devoir de rĂ©volte, Paris, Fayard, p. 212-244. 34 Jean-François Dubost, op. cit., p. 640-650, 744-804. 35 Cf. Ă  ce sujet Christian Jouaud, Richelieu et l’écriture du pouvoir. Autour de la JournĂ©e des Dupes, Paris, Gallimard, 2015. 36 Giuliano Ferretti, Un temps de mutations. Le duchĂ© de Savoie face aux monarchies europĂ©ennes », op. cit., p. 243-278. 37 Ercole Ricotti, Storia della monarchia piemontese, op. cit., p. 61-67. 38 Giuliano Ferretti, Un temps de mutations. Le duchĂ© de Savoie face aux monarchies europĂ©ennes », op. cit., p. 279-283. Sur ce groupe dirigeant fidĂšle Ă  la duchesse voir Pierpaolo Merlin, Au service de la rĂ©gente. Ministres et conseillers entre sens de l’État et luttes de factions », in Giuliano Ferretti, L’État, la cour et la ville, op. cit., p. 167-192. 39 Cf. Elisabetta Lurgo, Philippe d’OrlĂ©ans, Paris, Perrin, 2018, p. 29-53, 97-101, ici p. 99. 40 Jean-François Dubost, op. cit., p. 620-625. 41 Ibidem, p. 621 ; Orest Ranum, Les crĂ©atures de Richelieu, Paris, PĂ©done, 1966, p. 179-203. 42 Jean-François Dubost, op. cit., p. 744-747. 43 Cf. supra, p. 6, note de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Giuliano Ferretti, RĂ©gences et pouvoir des femmes », Cahiers d’études romanes, 42 2021, 233-251. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Giuliano Ferretti, RĂ©gences et pouvoir des femmes », Cahiers d’études romanes [En ligne], 42 2021, mis en ligne le 20 septembre 2021, consultĂ© le 24 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page
Sivous inscrivez le mot "France" dans la barre de recherches Google, on vous suggĂšre France 2, 3, ou Inter. Les medias ! Poursuivons l'exploration de la Toile - parcours de nos enfants : l'article Nouveau coup dur pour le patron de l’UDI Jean-Christophe Lagarde, dĂ©fait aux derniĂšres lĂ©gislatives dans son fief de Seine-Saint-Denis il devra comparaĂźtre le 3 octobre 2022 devant le tribunal correctionnel de Paris avec sa belle-mĂšre, pour lui avoir octroyĂ© un emploi fictif d’assistante parlementaire. Jean-Christophe Lagarde, 54 ans, sera jugĂ© pour dĂ©tournement de fonds publics, tandis que Monique Escolier-Lavail, la mĂšre de sa femme, comparaĂźtra pour recel de dĂ©tournement de fonds publics, a indiquĂ© jeudi le parquet national financier PNF, sollicitĂ© par l’AFP. Mme Escolier-Lavail a Ă©tĂ© employĂ©e Ă  l’AssemblĂ©e nationale entre mai 2009 et aoĂ»t 2010, selon LibĂ©ration. Nous contestons formellement les soupçons exprimĂ©s Ă  l’encontre de Jean-Christophe Lagarde par le parquet national financier, au terme d’une enquĂȘte qui n’a Ă©tĂ© ni impartiale ni contradictoire», a rĂ©agi l’avocat de M. Lagarde, Me Yvon Goutal. Contrairement aux autres responsables politiques nationaux, Jean-Christophe Lagarde n’a pas pu bĂ©nĂ©ficier d’un juge d’instruction, dont la mission est d’enquĂȘter Ă  charge et Ă  dĂ©charge», a-t-il dĂ©noncĂ©. L’évolution de la procĂ©dure va enfin nous donner accĂšs Ă  des magistrats devant lesquels nous pourrons prouver l’innocence de mon client», a ajoutĂ© Me Goutal. Ouverture d’une enquĂȘte prĂ©liminaire Le PNF avait ouvert une enquĂȘte prĂ©liminaire en octobre 2017 aprĂšs la plainte d’un conseiller municipal d’opposition, HacĂšne Chibane. Dans cette plainte, il s’interrogeait sur l’activitĂ© d’assistante parlementaire de l’épouse de M. Lagarde, Aude Lavail-Lagarde, entre 2002 et 2014. Mme Lavail-Lagarde avait dĂ©missionnĂ© de ses fonctions Ă  l’AssemblĂ©e nationale en 2014 aprĂšs qu’un militant centriste eut accusĂ© M. Lagarde de l’employer illĂ©galement. Dans sa plainte, M. Chibane affirmait Ă©galement que M. Lagarde, maire de Drancy Seine-Saint-Denis de 2001 Ă  2017, employait simultanĂ©ment plusieurs autres collaborateurs pour ses activitĂ©s parlementaires» qui Ă©taient simultanĂ©ment collaborateurs de cabinet du maire et salariĂ©s par la commune», selon lui. L’audience devant le tribunal correctionnel le 3 octobre ne concerne que Jean-Christophe Lagarde et sa belle-mĂšre Monique Escolier-Lavail. Lors de l’enquĂȘte, le domicile du couple Lagarde et la mairie de Drancy avaient Ă©tĂ© perquisitionnĂ©s en fĂ©vrier 2019. VidĂ©o les 7 images marquantes du jeudi 4 aoĂ»t 2022 DĂ©couvrir plus de vidĂ©os Adjoint de sa femme Jean-Christophe Lagarde, prĂ©sident de l’UDI Union des dĂ©mocrates et indĂ©pendants depuis 2014, s’est emparĂ© en 2001 de la ville de Drancy, historiquement communiste. Il avait dĂ» dĂ©missionner pour se conformer Ă  la loi sur le non-cumul des mandats lors de sa réélection aux lĂ©gislatives de juin 2017. Son Ă©pouse, Aude Lavail-Lagarde, avait alors pris sa succession Ă  la tĂȘte de cette ville d’environ habitants. Elle a Ă©tĂ© réélue en 2020. AprĂšs vingt ans de rĂšgne et quatre mandats Ă  la tĂȘte de la cinquiĂšme circonscription de Seine-Saint-Denis 2002-2022, il a Ă©tĂ© battu aux derniĂšres lĂ©gislatives par l’Insoumise Raquel Garrido Nupes. Il conserve nĂ©anmoins un mandat local il a Ă©tĂ© Ă©lu le 14 juillet 11e adjoint Ă  la mairie de Drancy, un des postes les mieux rĂ©munĂ©rĂ©s selon un document consultĂ© par l’AFP. Cette Ă©lection a Ă©tĂ© contestĂ©e pour la deuxiĂšme fois devant le tribunal administratif. Dans la pratique, il reste trĂšs prĂ©sent dans la vie municipale, notamment en tant que conseiller chargĂ© de la coordination des conseils de quartier. Il occupe le terrain au point que certains DrancĂ©ens lui donnent toujours du Monsieur le maire». D’un point de vue judiciaire, il est visĂ© avec un policier en poste Ă  Drancy par une plainte d’un journaliste du Point pour abus de confiance» Ă  la suite d’un article mensonger publiĂ© fin juin mettant en cause le couple de dĂ©putĂ©s LFI Raquel Garrido et Alexis CorbiĂšre. Des accusations que l’ex-dĂ©putĂ© rĂ©fute. Cet article fait parallĂšlement l’objet d’une enquĂȘte Ă  Paris pour escroquerie. En mars 2021, M. Lagarde avait Ă©tĂ© placĂ© en garde Ă  vue aprĂšs la dĂ©couverte de plusieurs armes Ă  son domicile par des policiers, appelĂ©s pour un diffĂ©rend familial. Par ailleurs, le parquet financier enquĂȘte sur des soupçons d’emplois irrĂ©guliers Ă  la mairie de Bobigny, quand elle Ă©tait gĂ©rĂ©e par l’UDI, le parti de M. Lagarde. France mĂšre des arts, des armes et des lois France, mĂšre des arts, des armes et des lois, Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle : Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m'as pour enfant avouĂ© quelquefois, Que ne me rĂ©ponds-tu maintenant, ĂŽ cruelle ? France, France

de du Bellay. Et mon problĂšme est le suivant je ne comprend pas le sens de la derniĂšre strophe, et surtout du dernier vers celui soulignĂ©. Donc si quelqu'un qui a dĂ©jĂ  Ă©tudiĂ© le texte pouvait m'Ă©clairer, ce serait sympa!France, mĂšre des arts, des armes et des lois, Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m’as pour enfant avouĂ© quelquefois, Que ne me rĂ©ponds-tu maintenant, ĂŽ cruelle ? France, France, rĂ©ponds Ă  ma triste querelle. Mais nul, sinon Écho, ne rĂ©pond Ă  ma voix. Entre les loups cruels j’erre parmi la plaine, Je sens venir l’hiver, de qui la froide haleine D’une tremblante horreur fait hĂ©risser ma peau. Las, tes autres agneaux n’ont faute de pĂąture, Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau. PS si vous avez aussi des astuces pour faire le commentaire d'un poĂšme, je les prend aussi merci!

DuBELLAY vers 1550. France, mĂšre des arts, des armes et des lois. Joachim du Bellay (1515-1560), l’un des poĂštes de « la PlĂ©iade », auteur avec Ronsard de la cĂ©lĂšbre DĂ©fense et illustration de la langue française, Ă©crivit Ă  Rome, oĂč il avait accompagnĂ© son oncle le cardinal,

La police sur les traces d'un meurtre en famille ? Une femme de 48 ans et son fils de 21 ans ont Ă©tĂ© mis en examen et Ă©crouĂ©s, vendredi 5 fĂ©vrier 2021 Ă  Lyon, aprĂšs le meurtre dimanche et lundi de deux frĂšres dans l'agglomĂ©ration de Valence, a-t-on appris samedi auprĂšs du parquet de Lyon. InterpellĂ©s par la police judiciaire de Valence - elle dans la DrĂŽme et lui en rĂ©gion parisienne -, la mĂšre et son fils ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s au parquet de la JIRS de Lyon. Le jeune homme a Ă©tĂ© mis en examen pour "meurtre en bande organisĂ©e et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime", tandis que sa mĂšre est poursuivie pour "complicitĂ©", a prĂ©cisĂ© le parquet, confirmant des informations du DauphinĂ© LibĂ©rĂ© et de France Bleu DrĂŽme-ArdĂšche. Tous deux ont Ă©tĂ© placĂ©s en dĂ©tention provisoire. Dimanche matin, un homme de 30 ans, avait Ă©tĂ© retrouvĂ© mort, le corps criblĂ© de plusieurs impacts d'arme Ă  feu, Ă©galement Ă  Bourg-lĂšs-Valence. Le lendemain vers 18 heures, son frĂšre aĂźnĂ©, ĂągĂ© de 37 ans, Ă©tait abattu Ă  Valence au volant de sa voiture. "Les investigations se poursuivent sur commission rogatoire pour dĂ©terminer les circonstances exactes de la commission des faits qui paraissent s'inscrire dans le contexte de rĂšglements de comptes entre familles", a ajoutĂ© le parquet. "Ma cliente conteste les faits"Selon la radio, les enquĂȘteurs semblent Ă©tablir un lien avec le meurtre du fils et frĂšre des deux suspects, tuĂ© par arme Ă  feu en juin Ă  Bourg-lĂšs-Valence DrĂŽme. MaĂźtre Antoine Barret, avocat du jeune mis en examen, a prĂ©cisĂ© que son client "n'Ă©tait pas en fuite, mais ne se sentait pas en sĂ©curitĂ©" dans le secteur de Valence. Il a Ă©galement considĂ©rĂ© que les Ă©lĂ©ments mettant en cause le jeune homme "tenaient plus de la suspicion, mais n'Ă©taient pas probants". "Ma cliente conteste les faits", a dĂ©clarĂ© de son cĂŽtĂ© MaĂźtre Emmanuel Decombard, conseil de la mĂšre de famille, qui fait figure, selon lui, de "coupable idĂ©ale" dans cette affaire. Le lien avec le meurtre de son fils n'est "qu'une hypothĂšse des enquĂȘteurs", dont les investigations n'en sont "qu'au tout dĂ©but", a-t-il fait valoir. L’actualitĂ© par la rĂ©daction de RTL dans votre boĂźte mail. GrĂące Ă  votre compte RTL abonnez-vous Ă  la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualitĂ© au quotidien S’abonner Ă  la Newsletter RTL Info

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France mĂšre des arts, des armes et des lois. Sonnet IX. France, mĂšre des arts, des armes et des lois, Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle : Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m’as pour enfant avouĂ© quelquefois, Que ne me rĂ©ponds-tu maintenant, ĂŽ cruelle ? France, France, rĂ©ponds Ă  ma

S'il vous venait l'idĂ©e inattendue et aussi, c'est vrai, quelque peu bizarre de taper dans Google toddler shot mother» ou toddler shot father», Ă  savoir bambin tire sur sa mĂšre» ou son pĂšre», le moteur de recherche vous proposera un nombre Ă©tonnamment Ă©levĂ© de rĂ©ponses, constate ce matin le magazine SLATE. Bien sĂ»r, toutes les occurrences ne concernent pas directement ce genre d’affaires, mais elles sont au total extrĂȘmement nombreuses. Et c'est ainsi, par exemple, que la semaine derniĂšre, Ă  Milwaukee aux États-Unis, un enfant en bas Ăąge a tuĂ© sa mĂšre dans sa propre voiture. L’enfant, qui Ă©tait assis sur le siĂšge arriĂšre, raconte THE GUARDIAN, a pris le pistolet qui Ă©tait en train de glisser sous le siĂšge conducteur et a tirĂ©, touchant sa mĂšre. Le genre de faits divers qui Ă©meut les lecteurs, parce qu’il s’agit essentiellement d’enfants qui n’ont, bien entendu, pas conscience de ce qu’ils font et qui tirent par accident. Mais comme le note, cette fois-ci, THE WASHINGTON POST, ce genre de choses arrive, en rĂ©alitĂ©, plus souvent qu’on ne le croit. Le quotidien amĂ©ricain a repĂ©rĂ© pas moins de sept situations similaires, ces dix derniers jours. Depuis le 20 avril, la police a comptĂ© sept enfants, sachant Ă  peine marcher, qui ont tirĂ© accidentellement sur leurs parents, leurs frĂšres, leurs sƓurs ou parfois sur eux-mĂȘmes. C'est le cas, en particulier, d'un garçon de 3 ans qui, il y a une semaine tout juste, s’est tuĂ© aprĂšs avoir trouvĂ© une arme chez lui. Quelques jours plus tĂŽt, un autre garçon ĂągĂ©, lui, de 2 ans est mort aprĂšs avoir utilisĂ© l’arme trouvĂ©e dans le sac Ă  main de sa mĂšre. Et le problĂšme est encore plus inquiĂ©tant quand on regarde la tendance globale de ces drames aux États-Unis. Ainsi, alors que le nombre d’incidents impliquant un bĂ©bĂ© ĂągĂ© de 1 Ă  3 ans tirant avec une arme sur quelqu'un Ă©tait d’une fois par semaine en moyenne, les chiffres ont explosĂ© depuis le dĂ©but de l’annĂ©e. La statistique Ă©tait dĂ©jĂ  choquante, mais elle l'est de plus en plus en 2016 depuis le 1er janvier, au moins vingt-trois bĂ©bĂ©s ont Ă©tĂ© impliquĂ©s dans des incidents avec armes Ă  feu, contre dix-huit sur la mĂȘme pĂ©riode l'an dernier. Les États les plus touchĂ©s sont la GĂ©orgie, le Texas et le Missouri. Or toujours selon THE WASHINGTON POST, il ne s’agirait pas que d’une question de densitĂ© de population. La Californie et New-York, par exemple, sont deux États avec une population trĂšs Ă©levĂ©e mais ils ont comptĂ© seulement trois tirs impliquant des bĂ©bĂ©s depuis l’annĂ©e derniĂšre. Quant Ă  l’Illinois, oĂč Chicago produit des chiffres tragiques en termes d’homicides, cet État n’a pas comptĂ© de bĂ©bĂ©s parmi les tireurs depuis l’annĂ©e derniĂšre. L’explication principale de ces diffĂ©rences s'expliquerait davantage par des lois moins strictes, dans certains États, pour encadrer l’accĂšs aux armes par les enfants. Si l’impossible contrĂŽle des armes Ă  feu est un sujet rĂ©current aux États-Unis, en revanche, on parle moins souvent du lobby des armes en moins puissants que la tristement cĂ©lĂšbre NRA National Rifle Association des États-Unis, des lobbies europĂ©ens pro-armes se mobilisent, aujourd’hui, contre une proposition de l’Union EuropĂ©enne qui vise Ă  limiter les ventes d’armes Ă  feu. Ces groupes ont, en effet, lancĂ© une pĂ©tition en ligne et adressĂ© des courriels en nombre aux dĂ©cideurs de Bruxelles. A les en croire, les mesures que prĂ©pare la Commission europĂ©enne pĂ©naliseraient les chasseurs et les tireurs sportifs, sans guĂšre limiter la capacitĂ© des terroristes et autres criminels Ă  se procurer des armes. Car c'est bien, lĂ , tout l'objet de cette proposition europĂ©enne lutter contre le terrorisme. Dans un premier temps, rappelle le journal POLITICO repĂ©rĂ© par le Courrier International, la Commission avait appelĂ© Ă  de nouveaux contrĂŽles sur les ventes d’armes automatiques aprĂšs les attentats de Paris en novembre dernier, avant de rĂ©itĂ©rer ces appels au lendemain des attaques de Bruxelles le 22 mars 2016. Le lendemain mĂȘme des attentats, le prĂ©sident de la Commission, Jean-Claude Juncker, dĂ©clarait qu’une rĂ©vision de la directive de l’UE sur les armes Ă  feu Ă©tait Ă  l’ordre du jour, pour amĂ©liorer la sĂ©curitĂ© dans l’ensemble de l’Union. Sauf que les lobbys pro-armes, eux, ne l'entendent pas de la mĂȘme oreille. Ils affirment haut et fort leur opposition aux nouvelles mesures et cherchent, dĂ©sormais, Ă  influencer les ministres de l’IntĂ©rieur de l’UE, appelĂ©s Ă  se demander s’il y a lieu ou non aujourd'hui de renforcer les lois sur les armes Ă  feu et mĂȘme d’interdire certaines armes semi-automatiques en Europe. Leurs pressions ont Ă©tĂ© telles, prĂ©cise toujours l'article, que Juncker a cru bon d’inviter explicitement les pays de l’UE Ă  ne pas cĂ©der face aux divers lobbys. Les ministres de l’IntĂ©rieur espĂšrent boucler leur version de la directive le mois prochain. Et les membres de la Commission du marchĂ© intĂ©rieur au Parlement europĂ©en tablent sur le mĂȘme calendrier. S'il est peu probable que les groupes de pression europĂ©ens fassent obstacle Ă  la lĂ©gislation, une telle campagne rĂ©vĂšle, quoi qu’il en soit, une ardeur nouvelle de la part des lobbies des armes de l’UE. Et ce, quand bien mĂȘme les efforts des lobbies europĂ©ens ne sont encore rien en comparaison de la capacitĂ© de la NRA Ă  influencer, aujourd'hui, les lĂ©gislateurs amĂ©ricains. L’an dernier, la NRA a dĂ©pensĂ© plus de 20 millions de dollars en lobbying et dons de campagne aux États-Unis, d’aprĂšs la base de donnĂ©es OPEN SECRETS. Par comparaison, la plupart des associations de chasseurs et de tir sportif de l’UE rĂ©vĂšlent des coĂ»ts de lobbying de moins de 10 000 euros par an. En attendant, la pĂ©tition contre la proposition de l’UE a dĂ©jĂ  recueilli plus de 315 000 signatures depuis son lancement. Par Thomas CLUZEL

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