Alfredde Musset et George Sand, dessins par Alfred de Musset est un opuscule publié en 1896 par un spécialiste de l'oeuvre d'Alfred de Musset et notaire à Paris (1857) : Maurice Clouard. C'est ainsi avec la précision du notaire qu'il relate avec détails et le souci de la vérité historique
Origines Amantine Aurore Lucile Dupin est nĂ©e le 12e jour de messidor de l’an 12 de la RĂ©publique, soit le 1er Juillet 1804, Ă  Paris. Elle est la fille de Sophie-Victoire Delaborde, une roturiĂšre, nĂ©e en 1773 et de Maurice Dupin, un aristocrate, nĂ© en 1778. Sophie-Victoire Delaborde Maurice Dupin Sophie-Victoire est la fille d’un oiselier parisien. Elle se retrouve orpheline Ă  16 ans et est mĂšre de plusieurs enfants, de pĂšres inconnus, dont Caroline nĂ©e en 1799. Sophie-Victoire se retrouve en Italie aprĂšs avoir suivi un adjudant nommĂ© Collin, et fait la connaissance de Maurice Dupin dont elle devient d’abord la maĂźtresse. Ils ont un fils nĂ© en 1801 et une fille nĂ©e en 1803, tous deux morts en bas Ăąge. Maurice Dupin est officier dans les armĂ©es napolĂ©oniennes. Sa mĂšre, Marie-Aurore de saxe Dupin du Francueil nĂ©e en 1748 est la fille du MarĂ©chal Maurice de saxe, lui- mĂȘme fils naturel du roi de Pologne, Auguste II de Saxe. Maurice a lui aussi un fils qu’il ne reconnaĂźt pas, Hippolyte nĂ© en 1799 avec une lingĂšre, Mlle Chatiron. Ils sont invitĂ©s Ă  vivre dans une petite maison prĂšs du domaine et Marie-Aurore veille au bien-ĂȘtre de l’enfant. Hippolyte sera plus tard, Ă©levĂ© avec Aurore. Deux mondes totalement opposĂ©s s’assemblent. “Le sang des rois se trouva mĂȘlĂ© dans mes veines au sang des pauvres et petits”. George Sand. Ils se marient en toute discrĂ©tion le 5 juin 1804, un mois avant la naissance de Aurore. La mĂšre de Maurice, Marie-Aurore, dĂ©sapprouve cette mĂ©salliance et refuse de rencontrer sa belle-fille et sa petite fille. Maurice Ă©labore un stratagĂšme avec la complicitĂ© de la concierge afin que Marie-Aurore connaisse sa petite-fille. La grand-mĂšre est sous le charme et lui offre une bague. Celle-ci ayant Ă©tĂ© offerte par la belle fille de Louis XV Ă  Marie-Aurore pour son mariage. Marie-Aurore de Saxe Enfance Aurore passe sa petite enfance dans de modestes appartements Ă  Paris avec sa mĂšre, sa demi sƓur Caroline et le fidĂšle Pierrot, ami de sa mĂšre. Son pĂšre, souvent absent, court la France et l’Europe Ă  travers les campagnes de BaviĂšre, de Prusse et de Pologne Ă  la suite des armĂ©es napolĂ©oniennes. DĂ©but 1808, les armĂ©es de NapolĂ©on occupent l’Espagne et Maurice Dupin est un officier en garnison auprĂšs du gĂ©nĂ©ral Murat Ă  Madrid. Sophie-Victoire rejoint son Ă©poux avec sa fille Caroline et leur petite Aurore ĂągĂ©e de 4 ans. Sophie-Victoire est Ă  nouveau enceinte elle a perdu un petit garçon en 1805 et donne naissance Ă  un petit Louis qui naĂźt aveugle et chĂ©tif, en juin. Deux semaines aprĂšs la naissance, la famille quitte l’Espagne, qui s’est soulevĂ©e contre la France, et rejoint le domaine de Nohant, dans le Berry, le 21 juillet de la mĂȘme annĂ©e. Petit secret Le domaine de Nohant est une belle bĂątisse composĂ©es de plusieurs dĂ©pendances et de 240 hectares de bois et de terres cultivables ainsi que des fermes. Il a Ă©tĂ© acquis pendant la RĂ©volution par Marie-Aurore qui voulait se mettre en sĂ©curitĂ©. Nohant Le bonheur de cette famille enfin rassemblĂ©e dans le domaine familial est de courte durĂ©e. Le petit Louis meurt le 8 septembre et Maurice le 16. Celui-ci, cavalier aguerri de 30 ans, fait une chute mortelle Ă  cheval. Les vieilles rancƓurs entre la belle-fille et la belle-mĂšre refont surface. Marie-Aurore n’entend pas cohabiter plus longtemps avec sa belle-fille, mais s’étant fortement attachĂ©e Ă  Aurore, la grand-mĂšre fait une proposition Ă  Sophie-Victoire. Le 3 fĂ©vrier 1809, cinq mois aprĂšs la mort de Maurice, Marie-Aurore donne une rente annuelle en Ă©change de la garde de la petite Aurore. Sophie-Victoire retourne Ă  Paris avec sa fille Caroline. Aurore, ĂągĂ©e de 5 ans est totalement orpheline. Elle ne verra sa mĂšre que quelques semaines en Ă©tĂ© Ă  Nohant et Ă  Paris en hiver. La grand-mĂšre, ĂągĂ©e de 62 ans reporte tout l’amour qu’elle avait pour son fils sur sa petite fille. Elle fait un transfert, jusqu’à appeler Aurore “son fils”. Aurore vit une enfance libre comme les garçons Ă  l’extĂ©rieur de la maison ; elle monte Ă  cheval, joue et se bagarre avec les gamins du village. A l’intĂ©rieur, c’est une jeune fille accomplie qui met des robes et joue au piano. Éducation Le 12 janvier 1818, aprĂšs neuf annĂ©es passĂ©es Ă  Nohant, Marie-Aurore envoie Aurore, ĂągĂ©e de 13 ans, parfaire son Ă©ducation au couvent des dames augustines anglaise. C’est l’une des Ă©coles les plus prestigieuses Ă  Paris. Le 12 avril 1820, aprĂšs 2 annĂ©es, Marie- Aurore y retire sa petite-fille qui nourrit de plus en plus des projets de vie religieuse. Aurore n’a pas encore 16 ans. Et c’est avec regret qu’elle quitte le couvent dans lequel elle avait trouvĂ© des amies, une vie spirituelle, une vie plus semblable aux jeunes filles de son Ăąge. Sa grand-mĂšre Ă©tant trĂšs malade, Aurore retrouve la solitude et le calme pesant de Nohant. Ayant beaucoup de temps libre, elle dĂ©vore la bibliothĂšque ; ce qui lui donnera le fondement de sa connaissance littĂ©raire. Le 26 dĂ©cembre 1821, Marie-Aurore meurt et Aurore, ĂągĂ©e de 17 ans, hĂ©rite de la fortune et du domaine de Nohant. Étant mineure, sa mĂšre revient au domaine et est tutrice des biens de Aurore. Les retrouvailles sont dĂ©cevantes et Aurore songe Ă  se marier pour “ĂȘtre libre”. Aurore Dupin et Casimir Dudevant Épouse En avril 1822, Aurore sĂ©journe au chĂąteau du Plessis-Picard, prĂšs de Melun, chez des amis de sa grand-mĂšre et fait la connaissance du baron François Casimir Dudevant. Il a 27 ans, est mince et Ă©lĂ©gant, fils d’un colonel Ă  la retraite, baron d’Empire, et d’une servante. Ils se marient 5 mois plus tard, le 17 septembre 1822 Ă  Paris. Le 18 octobre, il dĂ©missionne de son poste de sous-lieutenant pour vivre de ses rentes et s’installent tous deux Ă  Nohant Ă  la fin du mois. Mais François Casimir est un mari infidĂšle et ennuyeux, qui adore chasser et n’a aucun goĂ»t pour la lecture ou la littĂ©rature. Il voyage, s’arrange pour ĂȘtre Ă  Paris quand Aurore est Ă  Nohant et Ă  Nohant quand Aurore est Ă  Paris. Pendant que Monsieur gĂšre le domaine, Aurore joue Ă  l’épouse et la mĂšre dĂ©vouĂ©e. De leur union naĂźt Maurice le 30 juin 1823 et Solange le 13 septembre 1828. MariĂ©e depuis prĂšs de dix ans, Aurore veut conquĂ©rir Paris et diriger sa vie. Ne supportant plus les Ă©tats d’ñme de sa femme, Casimir laisse son Ă©pouse partir “seule” quelques mois par an, tout en gardant les enfants de 8 et 3 ans et en plus, lui envoie de l’argent tous les mois. Maurice et Solange Dudevant Statut À l’époque, nous sommes sous le Code de NapolĂ©on promulguĂ© en 1804 oĂč la femme appartient Ă  l’homme. Les femmes sont considĂ©rĂ©es comme mineures toute leur vie. Elles sont d’abord sous la tutelle de leur pĂšre puis de leur mari. Le mariage et la famille sont le centre de leur vie. AprĂšs la RĂ©volution les femmes sont plus nombreuses Ă  publier. Dans le domaine du roman sentimental, leur nombre a doublĂ© Ă  20% des auteurs publiĂ©s. Contexte politique sous la fin de la Restauration 1814-1824 En fĂ©vrier 1830, le roi Charles X, frĂšre de Louis XVI, fait le choix du fĂ©odalisme contre le progrĂšs de la “rĂ©volution” avec l’appui du clergĂ©. Aux quatre ordonnances du 25 Juillet suspension de la libertĂ© de la presse, dissolution de la Chambre des dĂ©putĂ©s en mai, modification de la Charte constitutionnelle sur le plan Ă©lectoral notamment et la nomination de conseillers d’État au profit d’ultras notoires les Parisiens rĂ©pondent par les Trois Glorieuses 27, 28 et 29 Juillet. Le 27, les ouvriers, Ă©tudiants et journalistes dressent les barricades ; le 28, tout l’Est de Paris qui abrite les quartiers populaires est mobilisĂ© et se rĂ©vĂšle imprenable 25000 soldats de l’armĂ©e royale sont tuĂ©s et la Garde Nationale rallie les insurgĂ©s ; le 29, le Palais-Bourbon, le Louvre ainsi que les Tuileries sont investis par le peuple de Paris. Charles X retire ses ordonnances mais il est trop tard, le peuple est victorieux. Les Trois Glorieuses La Monarchie de Juillet 1830-1848 C’est ainsi qu’avec l’aide de dĂ©putĂ©s parisiens, que le cousin de la famille royale, le duc d’OrlĂ©ans, accĂšde au pouvoir et devient roi des Français sous le nom de Louis-Philippe Ier. Charles X et sa famille s’exilent en Autriche oĂč le dernier Bourbon mourra le 6 novembre 1836 Ă  79 ans. Jules Sandeau Le 4 janvier 1831, Ă  27 ans Aurore s’installe Ă  Paris avec son amant, Jules Sandeau, rencontrĂ© pendant l’étĂ© 1830 chez ses amis Duvernet, originaire lui aussi de Berry. Ils y retrouvent une petite sociĂ©tĂ© de jeunes berrichons, fĂ©rus de littĂ©rature romantique. Sandeau est le point de dĂ©part d’un affranchissement affectif et social. Aurore est petite, elle mesure 1,56m, a des yeux noirs, n’est pas particuliĂšrement belle mais a beaucoup de charme. Jules est de sept ans son cadet, frĂȘle, blond et a l’ambition d’ĂȘtre Ă©crivain. Il deviendra d’ailleurs le premier romancier Ă  entrer Ă  l’acadĂ©mie française en 1858. Il est l’auteur d’une cinquantaine de romans et de piĂšces de théùtre. Aurore a un ami du Berry qui se nomme Henri de Latouche, cousin des Duvernet, qui est directeur du Figaro. C’est un journal littĂ©raire, poĂ©tique et satirique. Elle y Ă©crit des petits sujets sans signer et commence Ă  gagner son argent, puis avec jules, elle Ă©crit des nouvelles qui apparaissent et dans le Figaro et dans La Mode et le Revue de Paris. L’écrivaine est nĂ©e Aurore et Sandeau Ă©crivent un roman Ă  quatre mains Rose et Blanche ou la comĂ©dienne et la religieuse, signĂ© Il raconte l’histoire de deux jeunes femmes aux destins totalement diffĂ©rents mais finalement liĂ©s tragiquement par deux hommes. Il est publiĂ© en dĂ©cembre 1831. C’est un succĂšs. Aurore dĂ©cide de se lancer seule dans la littĂ©rature et se choisit un pseudonyme George, prĂ©nom berrichon. Ce sera donc George Sand. Sandeau Petit secret d’autres femmes romanciĂšres ont pris des pseudonymes masculins comme Marie d’Agoult, compagne de Franz Liszt, signĂ©e Daniel Stern ou encore Delphine de Girardin signĂ©e Charles de Launay. Toujours Ă  courir dans tous Paris, avec ses amis artistes, pour aller au musĂ©e, au théùtre
 Sand se dĂ©place difficilement avec ses robes longues et amples. Ayant obtenu une permission de travestissement de la prĂ©fecture de police, elle les Ă©change donc contre des costumes masculins ; redingotes noires et gilets en satin. Ce qui est une transgression pour l’époque ! En amour, Sand se comporte aussi comme un homme. Elle conquit et rompt Ă  sa guise. AprĂšs trois ans Ă  Paris, George est devenue cĂ©lĂšbre, a gagnĂ© son autonomie et une des premiĂšres places de la littĂ©rature de son temps. “
sur le pavĂ© de Paris, j’étais comme un bateau sur la glace. Les fines chaussures craquaient en deux jours
je ne savais pas relever ma robe, j’étais crottĂ©e, fatiguĂ©e, enrhumĂ©e, et je voyais chaussures et vĂȘtements, sans compter les petits chapeaux de velours, arrosĂ©s par les gouttiĂšres, s’en aller en ruine avec une rapiditĂ© effrayante
” George Sand. Elle retourne Ă  Nohant en 1831 pour y retrouver ses enfants et Ă©crire son premier roman Indiana dont Sandeau, par modestie, a refusĂ© la paternitĂ© du livre auquel il Ă©tait Ă©tranger. Le roman est donc signĂ© George Sand. PubliĂ© en 1832, il dĂ©nonce les conditions de peu enviables des femmes en France Ă  cette Ă©poque. Elle y revendique la libertĂ© de la femme et le choix de l’homme avec qui vivre. Le roman provoque admiration et scandale. Sand devient la nouvelle coqueluche du milieu artistique et la protĂ©gĂ©e de HonorĂ© de Balzac. En dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e, elle publie Valentine, ce qui accroĂźt sa notoriĂ©tĂ©. “Qu’adviendrait-il du monde si toutes les femmes ressemblaient Ă  George Sand”. HonorĂ© de Balzac. En mars 1833, Sand rompt dĂ©finitivement avec Sandeau pour incompatibilitĂ© d’humeur. Il est paresseux et nonchalant mais Sand ne se laisse pas abattre et fait trĂšs vite une nouvelle rencontre. Alfred Musset En juin 1833, le directeur de la revue des deux mondes, François Buloz, rĂ©unit les deux nouvelles stars de la littĂ©rature du moment lors d’une soirĂ©e Ă  Paris. Sand a publiĂ© LĂ©lia oĂč l’hĂ©roĂŻne pousse un jeune poĂšte Ă  l’athĂ©isme et au suicide. Le public est choquĂ©. De six ans son cadet, le vicomte a publiĂ© en 1829 Les Contes d’Espagne et d’Italie qui ont assurĂ© sa rĂ©putation de dandy inspirĂ©. Musset voit Sand comme une femme et comme un compagnon de littĂ©rature. Grand, beau, bond aux yeux bleus mais instable, parfois violent, talentueux poĂšte, victime de crises dĂ©lirantes accentuĂ©es par l’alcool ; lors d’une promenade dans la forĂȘt de Fontainebleau, Musset est victime d’une crise d’hallucination oĂč il croit voir un spectre de lui qui le regarde. En dĂ©cembre 1833, ils partent pour en Italie ; Ă  Florence puis Ă  Venise. Mais Sand tombe malade. Les coliques et vomissements ont eu raison de leur idylle. Musset sort dans les cafĂ©s et couche avec des prostituĂ©es. Quelques jours plus tard, alors que Sand guĂ©rit c’est au tour de Musset d’ĂȘtre malade. Sans doute la fiĂšvre typhoĂŻde. Sand fait appelle Ă  un jeune mĂ©decin vĂ©nitien de 26 ans, Pietro Paggiello qui devient vite son amant. Musset guĂ©ri, comprend vite qu’il est cocu et repart seul en mars 1834. Sand reste jusqu’en juillet mais en mal de ses enfants, dĂ©cide de retourner Ă  Paris en prenant dans ses bagages, le jeune Pietro. Sand et Musset Le retour Ă  la rĂ©alitĂ© est brutal ; le beau mĂ©decin “fait partie du folklore italien” ce qui ne colle absolument pas avec le cadre de vie de Sand. Elle l’abandonne Ă  Paris et part Ă  Nohant. N’ayant pas perdu le contact, Musset et Sand se remettent ensemble en automne 1834, puis se sĂ©parent Ă  nouveau en novembre. DĂ©sespĂ©rĂ©e, George se coupe les cheveux. Son ami Delacroix “le fameux barbouilleur” comme le nomme Sand, immortalise son portrait. Ils se rĂ©concilient en janvier mais la jalousie de Musset et l’instabilitĂ© affective de George auront raison de leur histoire. Ils se sĂ©parent dĂ©finitivement en mars 1835. Alfred publiera leur histoire en 1836. “On peut avoir le dernier mot avec une femme, Ă  condition que le mot soit soit OUI”. Alfred de Musset. Frantz Litz, compositeur hongrois et pianiste et l’un des meilleurs amis de Sand la rĂ©conforte aprĂšs sa rupture. GrĂące Ă  lui, elle dĂ©couvre le rĂ©cital. Pour Sand, l’art absolu c’est la musique. “Si j’avais eu une bonne Ă©ducation musicale, j’aurais voulu ĂȘtre compositrice et c’est lĂ  avec la musique que j’aurais pu rendre au plus juste mon Ă©tat d’esprit”. George Sand. Le divorce Octobre 1835, la sĂ©paration judiciaire avec Casimir Dudevant est affirmĂ©e. Sous le Code NapolĂ©onien, les procĂ©dures sont longues, compliquĂ©es et les prĂ©jugĂ©s dommageables pour les femmes infidĂšles mĂȘme si les maris le sont aussi. Sand vit donc une vie rangĂ©e afin de montrer patte blanche et est dĂ©fendue par Louis Michel qui sera son amant pendant 2 ans et aura une influence intellectuelle sur George. Le 16 fĂ©vrier 1836, le divorce est enfin prononcĂ©. Sand recouvre ses biens et obtient la garde de ses enfants. Politique Le 28 juillet 1835, Ă  l’occasion du 5e anniversaire de la rĂ©volution de Juillet, le roi Louis-Philippe passe en revue la Garde Nationale. Il Ă©chappe de peu Ă  un attentat mais l’explosion fait 18 victimes. Thiers, ministres de l’IntĂ©rieur profite de l’occasion pour faire voter des lois rĂ©pressives il rĂ©organise des cours d’assises pour le jugement des actes de rĂ©bellion et interdit toute contestation des principes du rĂ©gime. Cette censure entraĂźne la disparition de trente journaux rĂ©publicains. Romans En juillet 1836, George publie Simon ; roman sur la justice sociale, les conditions de vie modestes, la libertĂ© et l’égalitĂ© des sexes et classes. AoĂ»t 1837, elle publie Mauprat qui est un roman d’amour et d’éducation sur une histoire de famille Ă  l’aube de la RĂ©volution française. Hiver 1837, elle Ă©crit plusieurs lettres sur la condition fĂ©minine dans “Le Monde”. En 1838, elle publie Les Lettres Ă  Marcie qui sont un recueil sur la place de la femme au XIXe siĂšcle. 1837/1838, elle publie La DerniĂšre Aldini qui et un roman qui raconte l’histoire d’un chanteur italien qui connaĂźt une ascension sociale et des passions amoureuses et Les MaĂźtres mosaĂŻstes lui aussi marquĂ© par le souvenir de l’Italie. FrĂ©dĂ©ric Chopin NĂ© en 1810 dans un village prĂšs de Varsovie, d’un pĂšre français et d’une mĂšre polonaise. Il a 26 ans, l’élĂ©gance d’un dandy, les yeux bleus mais est de santĂ© fragile. Il donne trĂšs peu de concerts et joue devant un cercle choisi. Le 8 mai 1838, ils se rencontrent lors d’un rĂ©cital qu’il joue chez Adolphe Custine. Sand, 32 ans, est sĂ©duite, lui non, mĂ©fiant de sa rĂ©putation. Mais dĂšs juin, ils ne se quittent plus. À la fin de l’étĂ© 1838, Chopin manifeste des problĂšmes pulmonaires ; le couple prĂ©pare leur voyage pour Palma, Ăźle au large de Barcelone, s’y installent le 8 novembre avec les 2 enfants de Sand, puis s’établissent Ă  Valldemosa, en pleine montagne, Ă  la mi-dĂ©cembre dans l’intention d’y rester jusqu’au printemps. Malheureusement, le voyage tourne court. Les mƓurs de Sand et la piĂ©tĂ© de la population ne font pas bon mĂ©nage et les problĂšmes de santĂ© de Chopin s’aggravent en raison d’un climat trop froid et humide. Il crache du sang. Ils repartent Ă  la fin de fĂ©vrier 1839 Ă  Marseille afin de soigner Chopin, puis au bout de 4 mois de convalescence, il regagnent Nohant. La vie s’organise autour de Chopin ; l’hiver Ă  Paris et l’automne Ă  Nohant oĂč les enfants les rejoignent. Maurice est Ă©lĂšve dans l’atelier du peintre EugĂšne Delacroix et Solange est placĂ©e dans une pension non religieuse. Avril 1840, Sand se lance dans une nouvelle activitĂ© le théùtre. Cosima ou la haine dans l’amour. Mais cette piĂšce est un Ă©chec et Sand ne retentera l’expĂ©rience que 9 annĂ©es plus tard. Sand engagĂ©e George est sensible Ă  la misĂšre. Dans les annĂ©es 1840, la rĂ©volution industrielle est nĂ©e ; la France devient ouvriĂšre et les patrons ont le pouvoir absolu. Louis-Philippe qui est au pouvoir depuis 1830, est clairement du cĂŽtĂ© des riches, des compagnies miniĂšres et ferroviaires, et mĂšne une politique de rĂ©pression lorsque le peuple se rĂ©volte. La poĂ©sie populaire a Ă©tĂ© encouragĂ©e par la crĂ©ation de journaux tels que “La Ruche”, “L’Union” ou encore “L’Atelier”. Des hommes et des femmes d’origine modeste y publient leurs poĂšmes et sollicitent le parrainage d’hommes de lettres. Sand admire les poĂšmes de Charles Poncy, maçon toulonnais avec qui elle restera liĂ©e toute sa vie. Avec Agricol Perdiguier, menuisier avignonais, auteur du Livre du compagnonnage publiĂ© en 1839, elle apprend le fonctionnement du compagnonnage, son histoire et ses traditions. Elle s’en inspire pour Compagnon du tour de France qui paraĂźt en dĂ©cembre 1840. Le roman est mal accueilli par les libĂ©raux et bonapartistes. En 1841, avec ses amis Pierre Leroux et Louis Viardot, Sand crĂ©e la “Revue IndĂ©pendante”, aprĂšs avoir rompu son contrat avec “La Revue”, dirigĂ©e par Louis Buloz, qui publie aussi bien des poĂšmes Ă©crits par les ouvriers mais aussi aussi des articles de politique Ă©trangĂšre. C’est un franc succĂšs ! En Juillet 1843, une affaire marque son entrĂ©e dans la vie politique. Une idiote de 15 ans a Ă©tĂ© abandonnĂ©e dans la campagne par des religieuses de la ChĂątre et cette derniĂšre fut retrouvĂ©e enceinte. Sand proteste dans son journal mais le procureur du roi Ă  la ChĂątre lĂšve toute sanction contre l’établissement. La mĂȘme annĂ©e, Sand publie Consuelo ; roman relatant de l’ascension sociale d’une bohĂ©mienne vivant un amour Ă©phĂ©mĂšre avec un comte. À l’automne 1843, le couple s’installe au square d’OrlĂ©ans oĂč les enfants ont leur place. Trois annĂ©es se passent ainsi. La mĂȘme annĂ©e, Pierre-Jules Hetzel, sorte d’agent littĂ©raire de Sand en plus d’ĂȘtre un ami proche, devient Ă©diteur et conseiller de Sand dans la nĂ©gociation de ses contrats avec les directeurs des journaux et revues. En 1844, Sand publie Jeanne tirĂ©e de cette histoire. La mĂȘme annĂ©e, Sand dĂ©cide de crĂ©er son propre journal “L’Éclaireur” qui couvre les dĂ©partements de l’Indre, du Cher et de la Creuse. Sand dispose maintenant de deux tribunes de genres trĂšs diffĂ©rents et utilise sa notoriĂ©tĂ© afin d’ĂȘtre l’un des porte-parole les plus actifs et les efficaces de son Ă©poque. Elle y Ă©crit des romans dans lesquelles ses prĂ©occupations politiques se trouvent discutĂ©es par les personnages qu’elle met en scĂšne. En Janvier 1845, Sand publie, dans “La RĂ©forme”, Le Meunier d’Angibault qui dĂ©nonce les prĂ©jugĂ©s liĂ©s au sexe et Ă  la condition sociale. Un nouveau personnage attend son heure Louis-NapolĂ©on Bonaparte, neveu de NapolĂ©on Ier n’a que 6 ans lorsque son oncle vogue vers Sainte HĂ©lĂšne et connaĂźt lui-mĂȘme l’exil en 1815. ÉlevĂ© en Allemagne puis en Suisse dans le culte de son oncle et le dĂ©sir de rendre la prestance perdue aux Bonaparte. Il rejoint l’artillerie suisse en 1830 puis, aprĂšs la mort de son frĂšre aĂźnĂ© NapolĂ©on-Louis en 1831 et celle de l’Aiglon en 1832, Louis-NapolĂ©on Bonaparte devient le seul prĂ©tendant Ă  la couronne. Il tente deux coups de force Ă  Strasbourg en 1836 et Ă  Boulogne en 1840. Le roi Louis-Philippe le fait enfermer au fort de Ham d’oĂč il s’échappera au bout de 6 annĂ©es de captivitĂ©, en 1846. En mai 1846, les tensions entre Sand et Chopin se multiplient. Le 19 mai 1847, Solange se marie avec Auguste ClĂ©singer, un sculpteur. Chopin est rĂ©ticent Ă  propos de cette union et Sand le remet mĂ©chamment Ă  sa place car il ne fait pas partie de la famille. Courant mai, Solange demande de l’argent Ă  sa mĂšre afin d’éponger les dettes de son Ă©poux, une scĂšne Ă©clate et Solange et son mari sont mis Ă  la porte dĂ©finitivement. Chopin prend la dĂ©fense de Solange qu’il affectionne et veut continuer Ă  la voir. Sand ne lui pardonne pas et cet Ă©pisode met fin Ă  leurs 8 annĂ©es de relation. La mĂȘme annĂ©e, Sand publie La Mare au Diable, une intrigue amoureuse, qu’elle dĂ©die Ă  Chopin. En 1847, elle publie Le PĂ©chĂ© de Monsieur Antoine qui ressemble au Meunier d’Angibault puis commence la rĂ©daction de son autobiographie Histoire de ma vie. Auguste ClĂ©singer Solange Dudevant RĂ©volution de 1848 ProvoquĂ©e par une sĂ©rie de facteurs Ă©conomiques et le mĂ©contentement Ă  l’égard du peuple, cette rĂ©volution est souhaitĂ©e par les libĂ©raux, les bonapartistes, les rĂ©publicains et les socialistes. La fusillade du boulevard des Capucines a mis le feu aux poudres. Dans la nuit du 23 au 24 fĂ©vrier 1848, Paris s’est hĂ©rissĂ© de barricades. Au matin, les Ă©meutiers de la veille sont devenus des rĂ©volutionnaires. Louis-Philippe commet l’erreur de confier le commandement des troupes de la capitale Ă  l’impopulaire marĂ©chal Bugeaud dont le nom rime avec rĂ©pression. Quant aux ministres, pour rĂ©tablir l’ordre, ils “inondent” Paris de la Garde Nationale, qui a le plus grand mal Ă  contenir les insurgĂ©s. Ces derniers prennent d’assaut les Tuileries, un poste Ă  l’angle de la place de la Concorde et de l’avenue Gabriel, puis le ChĂąteau d’Eau. Le roi est dĂ©passĂ©, en quelques heures, le pouvoir a basculĂ©. Le roi abdique et fuit en Angleterre. Trois jours avaient portĂ© Louis-Philippe au pouvoir ; trois jours l’en firent glisser Ă  jamais. Seconde RĂ©publique 1848-1852 La RĂ©publique est prononcĂ©e le lendemain et Ă  sa tĂȘte Alphonse de Lamartine qui rĂ©dige une nouvelle Constitution abolition de la peine de mort pour les dĂ©lits politiques, abolition de l’esclavage et de la censure et le suffrage universel est accordĂ© aux hommes. Sand est enchantĂ©e ! Elle publie un conte d’auteur, des brochures pour faire des propositions pratiques sur ce qui doit ĂȘtre changĂ©. En mars 1848, Sand croise Chopin par hasard, dans l’escalier que conduit Ă  chez une amie commune, et apprend par ce dernier que Solange a donnĂ© naissance Ă  une petite Jeanne. Malheureusement le bĂ©bĂ© mourra au bout de quelques jours. Quelques jours plus tard et seulement pour quelques mois, Maurice est Ă©lu maire de Nohant-Vicq et Sand veut que les listes Ă©lectorales de l’Indre pour l’assemblĂ©e nationale comportent au moins un candidat ouvrier et un paysan. Rude besogne. Le paysan bourrichon est mĂ©fiant et le notable n’entend pas partager le pouvoir. Sand publie plusieurs appels au peuple, l’invitant au courage et Ă  la dĂ©termination. Sand fonde un nouveau journal trĂšs Ă  gauche “La cause du peuple” qui commence Ă  paraĂźtre le 9 avril et ne comptera que 3 numĂ©ros. Elle y expose son point de vue sur les Ă©vĂ©nements du moment parfois en se faisant passer pour un homme ou une femme de condition modeste. Sand est considĂ©rĂ©e comme l’égĂ©rie, la muse par les ennemis de la rĂ©volution. Seulement, Ă  peine trois mois plus tard, cette jeune rĂ©publique menĂ©e par des libres pensants, tel que Alphonse de Lamartine, vivant dans le luxe et n’ayant pas les connaissances sur les besoins de la populace française, ne satisfait pas la classe ouvriĂšre qui sombre chaque jour un peu plus dans la misĂšre. Le peuple est en colĂšre et le temps des barricades et un gouvernement rĂ©publicain donnant les pleins pouvoirs Ă  l’armĂ©e. Bilan 15000 morts. Sand est rĂ©voltĂ©e. Le climat politique se dĂ©grade de jour en jour. Le 15 mai, des radicaux pĂ©nĂštrent dans le Palais-Bourbon et les chefs proclament la dissolution de l’AssemblĂ©e Nationale. Le coup d’État avortĂ©, les arrestations se succĂšdent dont les amis de Sand tels que BarbĂšs, Blanqui et Raspail qui sont conduits en prison. Le 23 juin le gouvernement dissout les ateliers nationaux organisation destinĂ©e Ă  fournir du travail aux chĂŽmeurs parisiens aprĂšs la rĂ©volution de fĂ©vrier 1848, la capitale est secouĂ©e par de violentes bagarres de rues. L’état de siĂšge est proclamĂ© et le gĂ©nĂ©ral Cavaignac, ministre de l’IntĂ©rieur, choisit de rĂ©primer avec fermetĂ© l’insurrection. Bilan plus de 5000 morts et des milliers de dĂ©portĂ©s en AlgĂ©rie colonisation du pays pour un certain nombre d’opposants. Sand est accablĂ©e. Cette rĂ©volution aura raison et de “L’Éclaireur” et de la “Revue IndĂ©pendante” qui cesseront de paraĂźtre en Juillet. En mai 1849, Solange met eu monde une deuxiĂšme petite Jeanne. La naissance rapproche Solange de sa mĂšre mais les relations restent tendues. Le 17 octobre 1849, Ă  39 ans, aprĂšs une tournĂ©e de concerts Ă©prouvants, Chopin meurt de la phtisie dont il a souffert toute sa vie. Cette mĂȘme annĂ©e, Sand publie La petite fadette. Petit secret Auguste ClĂ©singer rĂ©alise son masque mortuaire, un moulage de sa main et le monument funĂ©raire au cimetiĂšre du PĂšre-Lachaise. En dĂ©cembre 1849, deux hommes arrivent Ă  Nohant. Hermann MĂŒller Strubing, musicien allemand et ami de Pauline Viardot cantatrice et amie de Sand et Alexandre Manceau, un graveur de 31 ans et ami de Maurice. De 14 ans son cadet, il sera son amant et son secrĂ©taire. Manceau Louis-NapolĂ©on profite de la rĂ©volution de 1848 pour rentrer en France. AprĂšs la chute de Louis-Philippe et l’avĂšnement de la IIe RĂ©publique, la Constitution prĂ©voit l’élection d’un prĂ©sident de la RĂ©publique au suffrage universel. Louis-NapolĂ©on est candidat et organise une propagande efficace ; son programme a de quoi convaincre tous les partisans d’un ordre sans appel ni faiblesse. Avec 5 434 000 voix, soit 72% des suffrages exprimĂ©s, c’est un prince-prĂ©sident qui entre Ă  l’ÉlisĂ©e. Sand voit dans cette Ă©lection la preuve que le temps de d’une rĂ©publique Ă©galitaire et fraternelle n’est pas encore arrivĂ©. En effet, trois annĂ©es de gouvernement difficiles oĂč la libertĂ© d’expression se trouve entravĂ©e. Louis-NapolĂ©on a la ferme intention se rĂ©tablir l’Empire ! DĂšs 1849, Sand redonne place au théùtre. Théùtre de sociĂ©tĂ© ou de marionnettes, mĂšre et fils travaillent ensemble. François le Champi est un succĂšs grĂące au charme et Ă  la simplicitĂ© de la piĂšce. En 1851, Claudie est jouĂ©, c’est un succĂšs, puis Le Mariage de Victorine mais le coup d’État de Louis-NapolĂ©on provoque son interruption. Un premier roman est directement inspirĂ© des activitĂ©s théùtrales de Nohant Le ChĂąteau des DĂ©sertes. Louis-NapolĂ©on met sur pied l’opĂ©ration “Rubicon” le 2 dĂ©cembre 1851, jour de l’anniversaire d’Austerlitz et du sacre. Quelques barricades sont dressĂ©es dans Paris, quelques Ă©meutes Ă©clatent dans les dĂ©partements les plus rĂ©publicains, ce qui entraĂźne une vague d’arrestations, mais l’opĂ©ration rĂ©ussit. La dictature est en place. Louis-NapolĂ©on dissout l’AssemblĂ©e Nationale et appelle les français Ă  approuver une nouvelle Constitution par un plĂ©biscite, qui rĂ©tablira l’Empire vote direct du peuple sur la confiance donnĂ©e Ă  un homme ayant accĂ©dĂ© au pouvoir. DĂšs le Ier janvier 1852, Louis- NapolĂ©on quitte le palais de l’ÉlysĂ©e pour celui des Tuileries. L’Empire est de retour. Sand profite de sa notoriĂ©tĂ© pour demander audience afin de plaider la cause d’amis rĂ©publicains condamnĂ©s Ă  mort, Ă  la prison Ă  vie ou Ă  la dĂ©portation en AlgĂ©rie. Elle reçoit le soutien du comte d’Orsay et du prince JĂ©rĂŽme, cousin de Louis-NapolĂ©on. Son intervention est vue comme une trahison de la part des socialistes et rĂ©publicains. Les accusations se multiplient, les insultes fusent mais sa notoriĂ©tĂ© est intacte ; son lectorat a augmentĂ©. Sand se retire peu Ă  peu de la vie politique. Petit secret frappĂ© par le dĂ©cret de bannissement du 9 janvier 1852 avec 65 dĂ©putĂ©es de l’opposition, Victor Hugo quitte Paris pour Bruxelles puis pour les Ăźles anglo-normandes. Victor Hugo Sand et Hugo ne s’apprĂ©cient pas mais les Ă©vĂ©nements prĂ©cĂ©dents les rapprochent. La rĂ©sistance de Hugo Ă  l’égard de la politique d’un Bonaparte qu’il a d’abord soutenu, le bannissement dont il est l’objet, la publication “d’histoire d’un crime” puis de “NapolĂ©on le Petit” en 1852 suscitent l’intĂ©rĂȘt et la sympathie. À partir de 1855, les deux auteurs entretiennent une relation Ă©pistolaire sans jamais se rencontrer. “Nini”, la petite fille de Sand meurt en 1855 et Victor Hugo est toujours marquĂ© par le dĂ©cĂšs de sa fille LĂ©opoldine en 1843. Devenu NapolĂ©on III, Louis-NapolĂ©on est un empereur avide de gloire militaire mais sous son rĂšgne, la France s’épanouit dans l’ùre industrielle grĂące Ă  la sidĂ©rurgie et l’essor des chemins de fer, et la modernitĂ© avec l’établissement de grandes banques d’affaires telles que Rothschild ou encore Pereire ainsi que des Ă©tablissements de crĂ©dit. Enfin, la production agricole augmente considĂ©rablement pour nourrir convenablement un pays prospĂšre. En 1855, NapolĂ©on III dĂ©cide la tenue Ă  Paris de la premiĂšre exposition universelle des produits agricoles et industriels, ouverte aux productions de toutes les nations ; en parallĂšle se dĂ©roulera une exposition des beaux-arts. Petit secret En 1837, les frĂšres Pereire, des banquiers visionnaires, ont contribuĂ© Ă  crĂ©er la premiĂšre ligne de chemin de fer relient Paris Ă  Saint-Germain et Ă  Versailles. GrĂące aux CrĂ©dit immobilier les frĂšres financent la plupart des rĂ©seaux de chemin de fer, les compagnies de gaz et des omnibus historiquement, un vĂ©hicule Ă  traction hippomobile assurant un service de transport public rĂ©gulier. Le terme a donnĂ© ses dĂ©rivĂ©s autobus et bus Ă  Paris. Entre 1851 et 1855, paraient dans ” l’Illustration”, cinq articles de Sand sur les coutumes du Berry. 1853, Sand publie Mont-RevĂȘche et la filleule qui traitent des relations difficiles entre les gĂ©nĂ©rations. En 1854, Émile Girardin fondateur de la presse en 1836 qui se porte acquĂ©reur des droits de publication d’Histoire de ma vie dans son journal. Du 5 octobre 1854 Ă  juin 1855, 138 feuilletons y sont publiĂ©s. Le succĂšs est Ă©norme. La mĂȘme annĂ©e, Maurice et Sand disposent d’un vrai théùtre et donnent plusieurs piĂšces entre avril et septembre Oswald, Yseult de Vivonne, Elfrida la Juive, Richard XXII, Arthur Ier, L’Auberge du Haricot vert et bien d’autres encore. Les scĂ©narios sont de Maurice et parfois de Sand et les acteurs sont Maurice et EugĂšne Lambertami de Maurice. DĂ©cembre 1854 sonne la sĂ©paration officielle de Solange avec Auguste ClĂ©singer. La mĂ©sentente des Ă©poux durait depuis quelques annĂ©es tout comme la vie “dissolue” de Solange, ce que dĂ©sapprouve Sand. Elle dĂ©cide donc de demander la garde de sa petite-fille. ClĂ©singer, irritĂ© de l’ascendance de sa belle-mĂšre sur sa famille, il fait placer la petite Jeanne dans une pension parisienne en attendant de savoir qui aurait la garde. Quelques jours plus tard, Sand l’obtient mais la petite Jeanne meurt d’une scarlatine mal soignĂ©e dans la nuit du 13 au 14 janvier 1855. Elle n’avait pas encore 6 ans. Le 11 mars 1855, Sand, Manceau et Maurice partent pour l’Italie jusqu’au 29 mai. Vers 1855/56, Alexandre Manceau se voit confier l’administration de Nohant dont il s’acquitte scrupuleusement en plus d’ĂȘtre mĂȘlĂ© aux activitĂ©s du théùtre. L’étĂ© 1857, lors d’une randonnĂ©e, Sand et Manceau dĂ©couvrent la vallĂ©e de la Creuse et arrivent dans le petit village de Gargilesse dont ils tombent amoureux. En mai 1858, Manceau fait l’acquisition d’une petite maison que Sand appelle “Villa Algira” ou “Villa Manceau”. Ils y feront de brefs sĂ©jours rĂ©guliers. Le 10 janvier 1858, aprĂšs plusieurs mois de travaux, le couple s’installe dans leur maison Ă  Gargilesse, dans la Creuse mais Maurice est jaloux de leur relation et Sand se met en quĂȘte de lui trouver une Ă©pouse. En Octobre 1858, sous le titre LĂ©gendes rustiques, Sand publie encore 12 lĂ©gendes berrichonnes parmi lesquelles Les Pierres-Sottes ; Les Laveuses de nuit ; Le Menu de loups ; Le Moine des Etangs-Brisses ; Les Flambettes
. 1859, un deuxiĂšme roman inspirĂ© des activitĂ©s théùtrales voit le jour L’Homme de neige. Il paraĂźt dans “la Revue des Deux Mondes “et signe la rĂ©conciliation entre Sand et le directeur de journal François Buloz. En 1862, Sand publie Tamaris, roman d’amour, inspirĂ© par son premier sĂ©jour dans le midi au printemps 1861. Le 17 mai 1862, Ă  39 ans, Maurice Ă©pouse Lina Calamatta, ĂągĂ©e de 20 ans et fille de son ami, peintre et graveur Luigi Calamatta. “J’épouse Maurice car je ne peux Ă©pouser la mĂšre”. dit Lina. Sand affectionne particuliĂšrement sa belle fille. Le 14 juillet 1863, anniversaire de la prise de la Bastille, le petit Marc-Antoine voit le jour et fait le bonheur de toute la famille. Lina Calamatta En 1863, Les relations entre Maurice et Manceau sont devenues impossibles. En mars 1864, Sand dĂ©cide de s’installer Ă  Palaiseau, en banlieue parisienne, avec Manceau qui prĂ©sente depuis quelques temps les mĂȘmes signes de maladie que Chopin. Le graveur Ă©crira Pendant les quatorze ans que j’ai passĂ©s ici, j’ai plus ri, plus pleurĂ©, plus vĂ©cu que pendant les trente-trois qui les ont prĂ©cĂ©dĂ©s ». En juin, Maurice quitte Nohant pour Guillerny afin de prĂ©senter le petit Marc-Antoine au baron Dudevant mais le bĂ©bĂ© tombe malade et meurt de la dysenterie le 21 juillet 1864. MĂ©daillon contenant les cheveux du petit Marc-Antoine CotĂ© théùtre, en mars 1864, Sand fait l’adaptation de son roman Le Marquis de Villemer, drame sentimental aux accents Ă©galitaires, auquel Alexandre Dumas fils a mis la main la patte. C’est un triomphe ! Courant annĂ©e 1864, la maison de Gargilesse est vendue Ă  Maurice malgrĂ© les tensions avec Manceau alors que les rapports entre Sand et Solange continuent eux aussi Ă  se dĂ©grader. De plus, Solange ne travaille pas et continue de demander de l’argent Ă  sa mĂšre. Lorsque la jeune femme fait part de son projet de s’installer dans le Berry, Sand met son “vĂ©to”. Sa fille, de part son antipathique avec ses amis et de ses idĂ©es totalement opposĂ©es Ă  celles de sa mĂšre, Sand veut s’épargner des disputes avec sa fille et entend garder sa libertĂ© de recevoir ses amis. Solange dĂ©cide de rompre les relations avec sa mĂšre alors que cette derniĂšre lui verse une une pension et ce jusqu’en octobre 1865. Sand, 1864 En 1865, l’état de Manceau continue de se dĂ©grader. Le graveur meurt de la tuberculose Ă  47 ans, le 21 aoĂ»t. Sand perd celui dont elle disait Il est ma force et ma vie ». Par testament, Manceau a dĂ©signĂ© Maurice lĂ©gataire universel. La mĂȘme annĂ©e, Sand publie Confessions d’une jeune fille qui parle de relations familiales difficiles. Sand retourne Ă  Nohant et vend Palaiseau en 1869. 10 janvier 1866, Lina met au monde une petite fille nommĂ©e Aurore. GrĂące Ă  cette naissance, Nohant revient Ă  la vie. La mĂȘme annĂ©e, Sand publie Le Dernier Amour dans la “Revue des Deux Mondes”. 11 mars 1868, une deuxiĂšme petite fille agrandit la famille ; Gabrielle. La mĂȘme annĂ©e, Sand publie Mademoiselle Merquem. Roman parlant d’une jeune fille cultivĂ©e qui marraine une petite communautĂ© utopique. Il offre une vision idĂ©alisĂ©e de la sociĂ©tĂ© et de l’amour. 19 juillet 1870, la France dĂ©clare la guerre Ă  la Prusse ; le 1er septembre dĂ©faite de Sedan. NapolĂ©on III s’est rendu aux Prussiens. Le Second Empire prend fin dans la dĂ©bĂącle. Le 4 septembre, la TroisiĂšme RĂ©publique septembre 1870-juillet 1940 est proclamĂ©e Ă  Paris. Le 28 janvier 1871, c’est l’Armistice. Thiers est le chef du pouvoir exĂ©cutif ; l’Alsace et la Lorraine sont saisies par l’Empire allemand. En 1871, Sand, ĂągĂ©e de 67 ans, vit en harmonie avec sa famille Ă  Nohant sous la houlette de Maurice, seul maĂźtre dĂ©sormais. Le temps des conflits est terminĂ©. Lina avec Aurore et Gabriella En juin 1872, Sand adapte Mademoiselle La Quintinie, intrigue amoureuse, au théùtre. Puis Ă  l’automne, elle publie en feuilleton Nanon, roman Ă©voquant la RĂ©volution du point de vue de la paysannerie, classe majoritaire dont le XIXe siĂšcle a peu tenu compte. Sand publie aussi des contes pour enfants sous le titre de Contes de grand-mĂšre, dĂ©diĂ©es Ă  Aurore et Gabrielle. Vers 1874, ayant des problĂšmes de santĂ© qui l’empĂȘchent de voyager, Sand s’adonne Ă  l’aquarelle et pratique avec dextĂ©ritĂ© Ă  la “dentrite”; technique qu’elle appelle aussi “aquarelle Ă  l’écrasage”. La couleur est dĂ©posĂ©e au pinceau sur le papier et pressĂ©e encore humide avec une feuille absorbante pour obtenir une tĂąche alĂ©atoire. Elle accuse ensuite certaines lignes Ă  l’aiguille et Ă  la plume ; elle achĂšve enfin ce paysage imaginaire Ă  l’aquarelle, parfois rehaussĂ©e de blanc, en utilisant la rĂ©serve du papier. Cet Ă©crasement produit des nervures parfois curieuses. Mon imagination aidant, j’y vois des bois, des forĂȘts ou des lacs, et j’accentue les formes vagues produites par le hasard. George Sand. 1875, Sand publie Flamarande, qui aborde l’importance de la famille, la rigiditĂ© de la morale et d’autres thĂšmes qui lui sont chers ; Marianne Chevreuse relatant une histoire d’amour ; ainsi qu’une nouvelle sĂ©rie de contes. Sand, entourĂ©e de sa famille, 1875. En mai 1876, Sand souffre atrocement d’une occlusion intestinale probablement causĂ©e par un cancer de l’intestin. Elle Ă©crit sa derniĂšre lettre Ă  son petit neveu Oscar Cazamajou petit fils de Caroline Delaborde “J’ai fait mon temps, et ne m’attriste d’aucune Ă©ventualitĂ© . Je crois que tout est bien, vivre et mourir, c’est mourir et vivre de mieux en mieux”. Sand demande Ă  Solange d’installer un lit de camp devant la fenĂȘtre pour pouvoir regarder les deux cĂšdres qu’elle avait fait planter pour la naissance de Maurice et de Solange. Sand interdit sa chambre Ă  Maurice et Ă  ses petites filles tandis que RenĂ© Simonnet petit fils d’Hippolyte Chatiron et Oscar Cazamajou sont auprĂšs d’elle la journĂ©e. Le 7 juin, Sand rĂ©clame ses petites filles puis le lendemain son Ă©tat dĂ©cline encore. Dans ses derniers instants, Sand murmure “Laissez verdure” . Ce 8 juin 1876, Ă  9h30, la Dame de Nohant s’éteint. “L’absence et la mort ne diffĂšrent pas beaucoup, on ne se quitte pas, on se perd de vue mais on sait bien que n’importe oĂč on se retrouvera”. George Sand. Sources Biographie de George Sand par Martine Reid George Sand Secrets d’Histoire Le Larousse des Rois de France Le Grand Atlas Les Rois de France 1001 secrets d’histoire de France Le bel esprit de l’Histoire Le dernier amour de George Sand par Evelyne Bloch-Dano musĂ©e de la vie romantique Tweet Share 0 Reddit +1 Pocket LinkedIn 0
Unelettre qu’il lui Ă©crit le 12 janvier 1861 s’achĂšve par ces mots : « Je n’ai plus de place que pour vous dire que je vous aimerai toujours ». La correspondance croisĂ©e de Delacroix et Sand a Ă©tĂ© Ă©ditĂ©e : ALEXANDRE Françoise Ă©d., DELACROIX EugĂšne, SAND George, Correspondance.
Quarante annĂ©es consacrĂ©es Ă  l’écriture, prĂšs de quatre-vingt-romans, une trentaine de piĂšces de théùtre, des articles, des contes, des nouvelles, une correspondance colossale, des amitiĂ©s et amours nombreuses. George Sand Ă©tait, Ă  n’en pas douter, une femme gĂ©nĂ©reuse, et sa maison de Nohant en tĂ©moigne. Visiter Nohant-Vic, dans le Berry, c’est dĂ©couvrir une George Sand intime, accueillante, extrĂȘmement soucieuse de ses invitĂ©s, du bien-ĂȘtre de ses domestiques et celui de ses petites-filles, amoureuse de la nature et en avance sur son temps. Suivez le guide pour un aperçu de ce lieu chargĂ© en Ă©motions, de ses principales piĂšces, de son histoire et de celle de la famille Dupin. Une maison familiale Si Nohant est un lieu aussi Ă©mouvant, aussi chargĂ© d’histoires, c’est peut-ĂȘtre car il s’agit d’une maison familiale, transmise de gĂ©nĂ©rations en gĂ©nĂ©rations, et qui ne fut jamais laissĂ©e Ă  l’abandon. Visiter Nohant, c’est dĂ©couvrir une maison, mais aussi un jardin, son ancien poulailler, un cimetiĂšre dans lequel sont enterrĂ©s les membres de la famille Dupin, ainsi qu’une exposition dĂ©diĂ©es aux marionnettes de Maurice Sand, le talentueux et polyvalent fils de George. La dĂ©coration de la maison est soignĂ©e sans ĂȘtre chargĂ©e, la visite est bien pensĂ©e et Ă©quilibrĂ©e, les piĂšces principales donnent sur une nature que l’on devine essentielle. On y imagine aisĂ©ment la vie de celles et ceux qui y vĂ©curent. Une vie entiĂšre, ou presque, Ă  Nohant Aurore Dupin, future George Sand, naĂźt en 1804 et elle vient pour la premiĂšre fois Ă  Nohant Ă  l’ñge de quatre ans, en 1808. La propriĂ©tĂ© appartient Ă  sa grand-mĂšre paternelle, Marie-Aurore de Saxe. Aurore Dupin est la fille de Maurice Dupin, militaire, colonel des armĂ©es napolĂ©oniennes, et de Sophie Victoire Delaborde, cantiniĂšre que Maurice Dupin avait rencontrĂ©e en service. La mĂšre de Maurice s’est opposĂ©e en vain Ă  cette mĂ©salliance, et la petite Aurore est le fruit de deux milieux, deux histoires, deux hĂ©ritages. Lors de ce premier sĂ©jour Ă  Nohant, Maurice a un accident de cheval. Il meurt sur le coup, Ă  l’ñge de trente ans. La grand-mĂšre paternelle, dĂ©jĂ  veuve, dont le fils unique vient de dĂ©cĂ©der, propose prend en charge l’éducation d’Aurore. Aurore restera donc Ă  Nohant, mais ne cessera jamais d’entretenir un lien avec sa mĂšre, demeurĂ©e Ă  Paris. Aurore commence par passer ses Ă©tĂ©s Ă  Nohant et ses hivers Ă  Paris, avant de s’établir toute l’annĂ©e Ă  Nohant. Lorsque sa grand-mĂšre dĂ©cĂšde, George Sand a dix-sept ans. Elle hĂ©rite de la maison, s’empresse de se marier afin de pouvoir y rester en paix et d’avoir la respectabilitĂ© pour l’administrer. De ses quatre ans jusqu’à a mort, George Sand passera plusieurs mois par an Ă  Nohant et elle mourra dans sa chambre, en 1876. Ses deux enfants, Maurice et Solange y grandiront, Maurice y vivra avec sa femme et ses filles. AprĂšs son divorce, George Sand devient l’unique gestionnaire et propriĂ©taire du domaine. Les deux-petits filles de George Sand, Aurore et Gabrielle, les filles de Maurice, habiteront la maison, l’investiront elles aussi aprĂšs la mort de leur grand-mĂšre. Nohant se transmettra de gĂ©nĂ©rations en gĂ©nĂ©rations. Gabrielle meurt Ă  l’ñge de quarante ans, en 1909. Aurore, derniĂšre descendante de la famille, lĂšguera de son vivant la maison Ă  l’État. La salle Ă  manger La salle Ă  manger de la maison tĂ©moigne de la vocation de cette maison, celle d’ĂȘtre un lieu d’accueil et de convivialitĂ©. La table dressĂ©e pour dix invitĂ©s, jamais plus, Ă©voque plutĂŽt la fin de vie de George Sand, mais les invitĂ©s mentionnĂ©s ne s’y retrouvĂšrent jamais en mĂȘme temps. Sont ici reprĂ©sentĂ©s, parcourant dix ans de la vie de George Sand, Ivan Tourgueniev, qui ne fit qu’un seul sĂ©jour Ă  Nohant, Gustave Flaubert qui y sĂ©journa trĂšs souvent, Dumas fils qui vint Ă  cinq reprises, la cantatrice Pauline Viardot qui vint tous les Ă©tĂ©s pendant vingt-cinq ans. Chaque dĂ©cennie eut son hĂŽte de marque. Les verres en cristal seraient un cadeau de Chopin, le lustre en verre vient de Murano et fut achetĂ© Ă  Paris par George Sand, Ă  l’occasion d’une exposition universelle. Le motif de fraisier sur la vaisselle fut dessinĂ© par George Sand elle-mĂȘme. En 1850, George Sand entreprit de gros travaux et fit installer un chauffage central dans la salle Ă  manger. L’hiver, le dĂźner Ă©tait servi Ă  17h. AprĂšs le dĂźner, on quittait la salle Ă  manger pour le salon. Le salon Le salon Ă©tait le lieu de la veillĂ©e, qui pouvait durer jusqu’à minuit. Autour de la table du salon on discute, on lit Ă  voix haute, on manipule des marionnettes, on dessine, on fait des herbiers. Comme elle a de multiples talents, George Sand joue de la harpe, du piano, excelle dans les travaux d’aiguille. La chambre rose Cette chambre, en encore marquĂ©e de l’empreinte du XVIIIe siĂšcle, trahit les origines aristocratique de la grand-mĂšre de George Sand qui faisait salon dans sa chambre. La chambre devint celle de Solange et Maurice, les enfants de George Sand, et George Sand investit le couloir afin d’ĂȘtre Ă  proximitĂ© de ses enfants et de pouvoir Ă©crire, la nuit, ses journĂ©es Ă©tant extrĂȘmement peut y voir le placard transformĂ© en bureau qui sera la premiĂšre rĂ©elle table de travail de George Sand en tant que femme de lettres. La cuisine George Sand avait une dizaine de domestiques Ă  son service, pour l’aider Ă  s’occuper de la propriĂ©tĂ©, mais aussi choyer ses invitĂ©s illustres tels que Franz Liszt ou Prosper MĂ©rimĂ©e. En 1850, en mĂȘme temps que l’installation du chauffage, George Sand dote sa grande cuisine de divers Ă©lĂ©ments et d’un four particuliĂšrement sophistiquĂ©. Ce four, moderne, dĂ©contenance les cuisiniĂšres berrichonnes qui sont Ă  son service – on cuisine sans voir les flammes, on a quatre fours, c’est Ă  l’époque du jamais vu – mais les robinets permettent de disposer de quarante litres d’eau chaude. Il s’agit d’un confort exceptionnel pour l’époque, confort renforcĂ© par la grande table en orme massif que George Sand commande Ă  un menuisier local, afin que tous les domestiques puissent manger ensemble, et se rassembler. Un passe-plat, dans le couloir attenant Ă  la cuisine, dessert la salle Ă  manger. George Sand, elle, investira la cuisine pour faire des confitures. FrĂ©dĂ©ric Chopin Ă  Nohant La relation amoureuse avec FrĂ©dĂ©ric Chopin durera neuf ans et le musicien sĂ©journera sept Ă©tĂ©s durant dans cette maison, du printemps Ă  l’automne, de 1840 Ă  1847. George Sand lui donne Ă  chaque fois la plus belle chambre, loue pour l’occasion un piano Pleyel qui arrive de Paris. Cette maison connaĂźtra sept pianos diffĂ©rents chaque Ă©tĂ©, et Chopin composera les deux-tiers de son Ɠuvre dans cette maison. Les annĂ©es avec Chopin, entre 1840 et 1847, constituĂšrent l’ñge d’or de Nohant. George Sand Ă©crivait, FrĂ©dĂ©ric Chopin composait, EugĂšne Delacroix peignait. Trois monstres sacrĂ©s se retrouvĂšrent en mĂȘme temps dans cette maison. La chambre bleue Le bleu Ă©tait la couleur prĂ©fĂ©rĂ©e de George Sand, et la chambre bleue Ă©tait celle de la maĂźtresse de maison, du moins sa derniĂšre chambre pendant une dizaine d’annĂ©es. C’est dans cette chambre, qui donnait sur le jardin, qu’elle s’éteignit Ă  l’ñge de 72 ans. Juste Ă  cĂŽtĂ© se trouvent un cabinet de travail, dans lequel elle travaillait, ainsi qu’une bibliothĂšque ou salle d’études, Ă  laquelle tout le monde avait accĂšs, et qui renfermait toute la documentation, classĂ©e, de la maison. Le 17 janvier 1869, George Sand Ă©crivait Ă  son grand ami Gustave Flaubert combien elle Ă©tait en paix Ă  Nohant L’individu nommĂ© G. Sand se porte bien, savoure le merveilleux hiver qui rĂšgne en Berry, cueille des fleurs, signale des anomalies botaniques intĂ©ressantes, coud des robes et des manteaux pour sa belle-fille, des costumes de marionnettes, dĂ©coupe des dĂ©cors, habille des poupĂ©es, lit de la musique mais surtout passe des heures avec la petite Aurore qui est une fillette Ă©tonnante. Il n’y a pas d’ĂȘtre plus calme et plus heureux dans son intĂ©rieur que ce vieux troubadour retirĂ© des affaires, qui chante de temps en temps sa petite romance Ă  la lune, sans grand souci de bien ou mal chanter pourvu qu’il dise le motif qui lui trotte par la tĂȘte, et qui, le reste du temps, flĂąne dĂ©licieusement. Ça n’a pas Ă©tĂ© toujours si bien que ça. »[1] Vous souhaitez en savoir plus et relire des textes de George Sand ? DĂ©couvrez notre autre article consacrĂ© la femme de lettres, mais aussi notre anthologie Un texte Une femme, La littĂ©rature au fĂ©minin en 365 jours, sur laquelle retrouver dix-neuf textes de George Sand. Sarah Sauquet [1] Lettre de George Sand Ă  Gustave Flaubert, Nohant, 17 janvier 1869
RĂ©ponsede Thierry Derigny. Flaubert a Ă©crit Un Coeur simple de mars Ă  aoĂ»t 1976, soit peu de temps avant la mort de George Sand le 8 septembre. Ils avaient eu au dĂ©but de l’annĂ©e un Ă©change de lettres sur la place des idĂ©es personnelles de l’écrivain dans un roman.
1Christine PlantĂ© nous a habituĂ©s Ă  des gĂ©nĂ©alogies inattendues et Ă  des regroupements familiaux insolites, sa petite sƓur de Balzac », dans la lignĂ©e de la sƓur de Shakespeare chĂšre Ă  Virginia Woolf, en est un exemple bien connu. Avec George Sand fils de Jean-Jacques, elle nous entraĂźne dans une histoire de filiation qui, cette fois, n’est pas de son invention mais s’inscrit dans l’histoire littĂ©raire du xixe siĂšcle et dans l’histoire personnelle de George Sand. Celle-ci s’est elle-mĂȘme qualifiĂ©e non de fille de Jean-Jacques » mais bien de fils de Jean-Jacques » et a consacrĂ© Ă  cette filiation tant intellectuelle qu’individuelle deux Ă©crits un article, À propos des Charmettes », paru dans la Revue des Deux Mondes, et un roman inachevĂ©, MĂ©moires de Jean Paille, tous deux datĂ©s de 1863 et reproduits ici. La prĂ©sentation en miroir des deux textes est particuliĂšrement Ă©clairante, car, outre le fait qu’elle souligne la multiplicitĂ© des Ă©critures de Sand, du documentaire journalistique Ă  la critique littĂ©raire et au rĂ©cit de fiction, elle permet de saisir une continuitĂ© complexe et mouvante dans la perception de Jean-Jacques par George Sand, surtout si l’on y ajoute l’article de 1841, Quelques rĂ©flexions sur Jean-Jacques Rousseau », rĂ©digĂ© dans une pĂ©riode d’engagement socialiste de la romanciĂšre et ajoutĂ© ici en annexe p. 207-227. 2Autour de ces deux textes, l’ouvrage, relativement bref 258 pages, se prĂ©sente comme un emboĂźtement d’écrits de statuts divers, avant-propos gĂ©nĂ©ral, introduction spĂ©cifique Ă  chacun des Ă©crits sandiens et annexes puisĂ©es dans la production critique de Sand et dans Histoire de ma vie. L’avant-propos de l’ouvrage s’avĂšre trĂšs pertinent dans la mesure oĂč, aprĂšs un rappel des liens de la famille avec Rousseau par le biais des grands-parents et surtout de la grand-mĂšre Dupin de Franceuil, il permet de souligner la place de Rousseau dans l’éducation, les lectures et l’éveil Ă  l’écriture de George Sand, mais aussi de retracer la perception des contemporains de Sand qui la saisissent comme une descendante littĂ©raire de Rousseau, voire comme une sorte de rĂ©incarnation » p. 10. Chaque introduction aux textes sandiens tente de contextualiser au plus prĂšs un rapport Ă  Rousseau fait de fidĂ©litĂ© Ă  l’auteur du Contrat social, Ă  l’homme qui portait l’humanitĂ© future dans ses entrailles », et de distance vis-Ă -vis du pĂšre indigne et mĂȘme de l’auteur des Confessions J’admire son livre mais je le dĂ©sapprouve comme une assez mauvaise action ». Mais elles s’interrogent aussi, avec beaucoup de justesse, sur le thĂšme de la continuitĂ© dans une Ă©poque coupĂ©e par la RĂ©volution française Inventer des histoires de fils de’ revient Ă  se demander quelle continuitĂ© est encore possible, et pensable, aprĂšs la RĂ©volution, dans l’histoire des individus, des familles et de la nation » p. 70. 3La seconde grande question mise en avant surtout dans l’introduction aux MĂ©moires de Jean Paille, fils supposĂ© de Jean-Jacques sur les traces des derniĂšres heures de son pĂšre Ă  Ermenonville, concerne le statut et la mise en Ɠuvre de la fiction qui repose sur un mĂ©canisme d’identification trĂšs conscient En dĂ©pit de l’apparente simplicitĂ© du rĂ©cit
 s’y superposent rĂ©alitĂ© historique et fiction, temps de Rousseau et temps de l’écriture » p. 48. L’introduction au second texte, À propos des Charmettes », relation d’une visite Ă  ce lieu de mĂ©moire faite en 1861, montre que, comme l’indique son titre A propos des Charmettes’, l’article ne s’en tient pas Ă  une description du lieu. Il propose une rĂ©flexion plus gĂ©nĂ©rale sur Rousseau et sur la dette multiforme que les contemporains devraient reconnaĂźtre Ă  son Ă©gard
 » p. 150. À la nuance prĂšs, qui ressort de la mise en perspective des deux textes sandiens, que l’auteure focalise davantage ici sur le biographique, sur l’homme Rousseau et sa conduite immorale comme pĂšre abandonnant ses enfants et peine Ă  concilier le pĂšre indigne et le pĂšre de la RĂ©volution ». Le thĂšme de la filiation reste prĂ©sent mais perd en force. Enfin, quelques digressions bienvenues soulignent combien l’éditrice des textes sait faire jaillir d’un simple thĂšme alors Ă  la mode toute une rĂ©flexion sur les valeurs et les dĂ©bats de fond de l’époque, qu’il s’agisse de celle de Rousseau ou de celle de George Sand, habilement mises en miroir. Il en est ainsi, quand le dernier sĂ©jour et la mort de Rousseau dans le parc d’Ermenonville tels que perçus par Sand nourrissent une belle rĂ©flexion Ă  propos des jardins et de l’art des jardins » p. 52-67, oĂč le jardin-paysage devient questionnement sur la filiation, la mort mais aussi sur la propriĂ©tĂ© – donc l’inĂ©galitĂ© – et les rapports nature-culture. Entre textes d’auteur, approches contextuelles et questionnements sans cesse renouvelĂ©s, George Sand fils de Jean-Jacques montre fort bien la diversitĂ© dans la continuitĂ© qui marque la lecture inter-gĂ©nĂ©rationelle de Rousseau par George Sand. George Sand Ă©crivit la DerniĂšre Aldini en collaboration avec son amant du moment : le jeune auteur dramatique FĂ©licien Mallefille qu’elle avait installĂ© Ă  Nohant en qualitĂ© de prĂ©cepteur de son fils. Sa liaison avec Mallefille ne l’empĂȘchait pas, on le voit, de songer Ă  Chopin.
RĂ©sumĂ© DĂ©tails CompatibilitĂ© Autres formats BnF collection ebooks - "J'Ă©tais arrivĂ© Ă  Bassano Ă  neuf heures du soir, par un temps froid et humide. Je m'Ă©tais couchĂ©, triste et fatiguĂ©, aprĂšs avoir donnĂ© silencieusement une poignĂ©e de main Ă  mon compagnon de voyage. Je m'Ă©veillai au lever du soleil, et je vis de ma fenĂȘtre s'Ă©lever, dans le bleu vif de l'air, les crĂ©neaux enveloppĂ©s de lierre de l'antique forteresse qui domine la vallĂ©e. Je sortis aussitĂŽt pour en faire le tour et pour m'assurer de la beautĂ© du temps."BnF collection ebooks a pour vocation de faire dĂ©couvrir en version numĂ©rique des textes classiques essentiels dans leur Ă©dition la plus remarquable, des perles mĂ©connues de la littĂ©rature ou des auteurs souvent injustement oubliĂ©s. Tous les genres y sont reprĂ©sentĂ©s morceaux choisis de la littĂ©rature, y compris romans policiers, romans noirs mais aussi livres d’histoire, rĂ©cits de voyage, portraits et mĂ©moires ou sĂ©lections pour la jeunesse. Lire plusexpand_more Titre Lettres d'un voyageur EAN 9782346015870 Éditeur BnF collection ebooks Date de parution 12/01/2016 Format ePub Poids du fichier kb Protection Aucune L'ebook Lettres d'un voyageur est au format ePub check_circle Cet ebook est compatible pour une lecture sur application iOs et Android Vivlio. check_circle Cet ebook est compatible pour une lecture sur My Vivlio. check_circle Cet ebook est compatible pour une lecture sur le lecteur Vivlio. check_circle Cet ebook est compatible pour une lecture sur liseuse. Je crĂ©e ma liste d’envies Vous devez ĂȘtre connectĂ©e pour pouvoir crĂ©er et sauvegarder votre liste d’envies cancel DĂ©jĂ  cliente ?Se connecter Pas encore inscrite ?Mon compte Un compte vous permettra en un clin d’oeil de commander sur notre boutique consulter et suivre vos commandes gĂ©rer vos informations personnelles accĂ©der Ă  tous les e-books que vous avez achetĂ©s avoir des suggestions de lectures personnalisĂ©es Livre non trouvĂ© Oups ! Ce livre n'est malheureusement pas disponible... Il est possible qu’il ne soit pas disponible Ă  la vente dans votre pays, mais exclusivement rĂ©servĂ© Ă  la vente depuis un compte domiciliĂ© en France. L’abonnement livre numĂ©rique Vivlio shopping_basketL’abonnement credit_cardInformations bancaires local_libraryEt j’en profite ! check_circle Chaque mois, bĂ©nĂ©ficiez d’un crĂ©dit valable sur tout le catalogue check_circle Offre sans engagement, rĂ©siliez Ă  tout moment ! L’abonnement livre numĂ©rique Vivlio shopping_basketL’abonnement credit_cardInformations bancaires local_libraryEt j’en profite ! Vous allez ĂȘtre redirigĂ© vers notre prestataire de paiement Payzen pour renseigner vos coordonnĂ©es bancaire Si la redirection ne se fait pas automatiquement, cliquez sur ce lien. Bienvenue parmi nos abonnĂ©s ! shopping_basketL’abonnement credit_cardInformations bancaires local_libraryEt j’en profite !
Lauteure fait le rĂ©cit de ce rĂȘve dans une lettre Ă©crite Ă  Venise le 30 mai 1834 Ă  l’intention d’Alfred de Musset dont elle est devenue l’amante Ă  l’étĂ© 1833. Partie pour l’Italie en dĂ©cembre 1833 avec Musset, George Sand correspond avec son fils Maurice Dudevant restĂ© Ă  Paris. Elle raconte ce rĂȘve Ă  Musset, de retour Ă  Paris depuis mars, et lui demande des nouvelles Edmond Plauchut, On me croit mort, mais je vis ici » Lucien-Joseph-Edmond PLAUCHUT est nĂ© le 6 janvier 1824 Ă  Saint Gaudens Haute Garonne. Sa correspondance avec George Sand dĂ©buta en 1848 qui lui rĂ©pondit par deux lettres. ExpatriĂ© volontaire Ă  la suite de la chute de la RĂ©publique, il partit vers Singapour. Au cours du voyage, il fit naufrage au large des Ăźles du Cap-Vert et ne put sauver qu’une cassette contenant les lettres de G. Sand grĂące auxquelles il fut recueilli, nourri, habillĂ© par un riche Portugais. AprĂšs de nombreux voyages vers l’ExtrĂȘme-Orient, il rencontrera George Sand en 1861. InvitĂ© Ă  Nohant en 1865, il fut trĂšs rapidement intĂ©grĂ© Ă  la vie de la famille jusqu’à sa mort en janvier 1909. C’est le seul Ă©tranger Ă  la famille inhumĂ© dans le cimetiĂšre de la famille Sand. Extrait de la vie Ă  Nohant... Le Carnaval 73 à Nohant révèle un Plauchut vêtu en Pifferaro, un Flaubert, invité de dernière heure, enfilant une jupe et s'essayant au fandango. Après la lecture, le I4 avril, par ce dernier, de son Saint-Antoine, Plauchut selon l'agenda est épaté, comme roué de coups ». Le I6, Tourgueniev s'ajoute à la bande. Dernier Carnaval en février 76 Sand fait danser les masques, arborant elle-même un grand nez à moustache. Plauchut se déguise en turc, en saltimbanque puis en ...bébé. La fête terminée, il enfile une blouse, met un faux-nez et va au bal du village faire son effet ». Ayant quitté Nohant le I3 mars, il reçoit à Paris le 11 avril une délicieuse lettre de George - la dernière, a-t-il noté, que m'écrivit George Sand » - Mon gros coco, viens donc au bercail puisque tu en as assez de Paris. Au lieu d'aller manger tes argents au bout du monde, viens voir fleurir nos lilas. Nohant est un tapis de fleurs ... Viens, et tout sera pour le mieux ». C’est, hélas, un télégramme de Maurice qui rappelle Plauchut à Nohant, en compagnie du Dr Favre. Il repart avec mission de ramener le Dr Péan, mais ce sera peine perdue. Très admiratif de la romancière, d'un dévouement à toute épreuve à son égard et envers les siens, mais aussi très proche de l'entourage berrichon, Plauchut ne pouvait pas, perdant George, perdre tout ce qui tenait à elle. La romancière aura rarement lancé à d'autres favoris des appels aussi affectueux que ceux adressés à Plauchut dans les dernières années La maison est comme veuve et vide quand tu n'es pas là », on ne vit plus tout à fait quand tu n'es pas là ». Les êtres et les murs avaient besoin de lui. La famille Sand et Nohant le gardèrent tout proche, pratiquement jusqu'en fin de vie. Signalons que s'il a pu contribuer, par sa dévotion à Sand, sa manière de commencer ses lettres par bonne mère », bonne maman », à l'embaumer avant l'heure, le bon Plauchut » n'aimait pas tellement être considéré lui-même comme tel. En témoigne une lettre où, un peu agacé de s'entendre traiter par Flaubert de trop bon », il affirme à Sand qu'il lui prend des envies, pour échapper à la suavité, de se faire délibérément canaille ». Très aimé, d'abord par George, puis par Lina et les fillettes grandissantes, il abandonnera plus tard définitivement le Bd des Italiens, emportant pour tout bagage ses pipes philippines vers sa » chambre de Nohant que Sand, peu de temps avant sa mort, avait fait rafraîchir. Tout en continuant d'écrire des articles, il se consacrera, entre deux parties de chasse, à la rédaction de ses souvenirs sur Nohant, qui paraîtront, sous le titre Autour de Nohant chez Calmann Lévy en I897. Maurice une fois disparu, le 4 septembre I889, il semble que Lina, sensible aux attentions délicates de cet ami exceptionnel, ait refait sa vie à ses côtés. Lorsqu'elle mourut, le 2 novembre 1901, il restait encore à Plauchut plus de 7 ans à vivre. Où aurait-il pu abriter sa haute silhouette à large feutre et barbichette blanche, sinon chez Gabrielle devenue propriétaire du château familial ? Il terminera pourtant ses jours à Biarritz, dans une résidence du Bd de la Grande Plage, le 30 Janvier 1909. Selon son vƓu, il est inhumé près de George Sand et des siens dans l'enclos funéraire où il a accompagné plusieurs d'entre eux. On me croit mort, mais je vis ici », lit-on sur l'épitaphe, imaginée par ce fidèle entre les fidèles, ce champion de l’amitié. Texte Marie-Louise GUILLAUMIN, Les amis de George Sand. Livre de rĂ©fĂ©rence L'ami de George Sand en Berry, Edmond Plauchut le tartarin de Nohant, par Michelle Tricot & Christiane Sand, Ă©ditions Geste. Armand Silvestre Quel monde de souvenirs Ă©veille en moi ce seul nom ! C'est en 1866 que je vis George Sand pour la premiĂšre fois. Sans me connaĂźtre, elle avait Ă©crit, pour moi, la prĂ©face d'un livre de vers dont elle avait trouvĂ© et parcouru les Ă©preuves chez EugĂšne Fromentin. Le livre est Ă©puisĂ© depuis longtemps, mais la prĂ©face a Ă©tĂ© rĂ©imprimĂ©e dans la collection Calmann LĂ©vy et mĂ©ritait cette exhumation; car elle contient de superbes aperçus sur la poĂ©sie. TĂ©moin ces lignes merveilleuses Moi je dis que la lumiĂšre naĂźtra d'une sensation traduite par l'Ă©lan poĂ©tique. Une impression spontanĂ©e, chez un esprit supĂ©rieur, caractĂ©risera tout Ă  coup l'homme nouveau. Sera-ce l'amour ou la mort qui parlera ? Peut-ĂȘtre l'un et l'autre. Peut-ĂȘtre que, dans l'extase du plaisir, excĂšs de vitalitĂ©, ou dans la voluptĂ© du dernier assoupissement, paroxysme de luciditĂ©, l'Ăąme se sentira complĂšte. Alors la vraie poĂ©sie chantera son hymne de triomphe. Les mots esprit et matiĂšre feront place Ă  un mot nouveau... » Comme tout cela est Ă©loquemment dit et d'une belle envolĂ©e lyrique ! Fromentin Ă©tait alors grand ami de Mme Sand. Je ne sais plus tard ce qui avait interrompu leurs relations, mais je sais que Fromentin pleurait, en me racontant comment, aprĂšs trois ans passĂ©s sans la voir, elle lui avait ouvert les bras comme au fils prodigue, et l'avait appelĂ© son cher enfant ! Quand j'allai la remercier de ce bienfait inattendu, elle demeurait rue des Feuillantines, dans un petit appartement assez bas. Il Ă©tait cinq heures; le jour d'hiver tombait ; il faisait sombre. Mais le modeste salon oĂč elle me reçut me parut illuminĂ© par sa prĂ©sence. Il m'est restĂ© dans l'esprit, je dirais presque dans les yeux, avec l'intensitĂ© que prennent sous les yeux les objets quand l'esprit est tout Ă  une Ă©motion. Une petite table en chĂȘne avec un tapis, une chaise haute, au mur une superbe esquisse de Delacroix, le maĂźtre de son fils. Je ne pus trouver un seul vocable, de reconnaissance. Mme Sand fut aussi quelque temps sans me parler, et le premier mot qu'elle prononça fut celui de timiditĂ©, — pour elle-mĂȘme ! Je crois bien que nous n'avons pas dit vingt paroles Ă  nous deux ce jour-lĂ . Et cependant je sortis de la adopte, . me rĂ©fugiant sous le patronage d'un esprit plein de grandeur et de tendresse, sentant en moi je ne sais quoi de filial pour ce gĂ©nie clĂ©ment aux faibles, pour cet ĂȘtre si plein d'une bontĂ© pĂ©nĂ©trante, pour cette femme auguste dont l'Ăąge nimbait le front d'une aurĂ©ole d'argent. Elle ressemblait cependant .encore, dans ce temps-lĂ , au portrait dont j'ai parlĂ© plus haut. Ce qui m'avait frappĂ©, c'Ă©tait la fermetĂ© persistante de ses traits, malgrĂ© un certain embonpoint de visage. Ils donnaient l'impression de ces images de cuivre, oĂč les rides elles-mĂȘmes ont des vigueurs et des rigiditĂ©s. Rien d'affaissĂ© dans le dĂ©veloppement du menton, rien qui sentĂźt la vieillesse. Ses mains m'avaient surtout rempli d'admiration de vraies petites mains d'homme, effilĂ©es aux doigts, lĂ©gĂšrement charnues sur le dessus, et qui semblaient modelĂ©es dans un mĂ©tal pur et souple Ă  la fois, des mains faites pour le travail et les loyales Ă©treintes... si petites avec cela! Je n'en ai jamais revu de pareilles. Quand elles laissaient tomber, dans un verre Ă  moitiĂ© plein d'eau, une cigarette achevĂ©e, elles avaient, en se relevant, comme un essor de papillon blanc qui s'envole. Ce n'est que deux ans aprĂšs que j'allai Ă  Nohant pour la premiĂšre fois. On partait de ChĂ teauroux dans une façon de diligence trois bĂȘtes efflanquĂ©es devant et un rustre au sommet, attachant ses guides au siĂšge pour pouvoir mieux fouailler des deuxbras. Une casserole derriĂšre une agonie de chevaux. Je ne dĂ©crirai pas le paysage. C'est celui que George Sand a donnĂ© pour dĂ©cor Ă  ses plus admirables romans. A vrai dire, je ne l'aurais peut-ĂȘtre pas remarquĂ© beaucoup, s'il ne m'eĂ»t fait revivre sous le charme des descriptions amoureusement lues. Mais des idylles se dressaient pour moi tout le long de la route. Tout paysan Ă©tait unChampi, et toute mendiante une Fadette. J'Ă©tais hantĂ© par ce monde charmant qui vivra dans l'immortalitĂ© de ses rĂ©cits, comme celui des Ă©glogues de ThĂ©ocrite, le grand Syracusain. J'ai compris alors combien un grand poĂšte fait sienne la terre que foulent ses pas ! Assez uniforme, d'ailleurs, ce grand chemin,, bien que bordĂ© par des horizons d'un grand aspect, Rien n'y annonce l' approche de Nohant, qu' un bouquet de gros arbres dissimule. A peine descendu, pourtant, j'Ă©tais au seuil de la maison... du chĂąteau, comme on dit lĂ -bas. J'ai mieux Ă  faire qu'Ă  en dĂ©crire l'ordonnance intĂ©rieure, qui, bien que simple, ne manque pas d'une certaine grandeur aristocratique. De hautes et larges piĂšces dominant le parc de toute la hauteur d'un perron monumental. 0 chĂšre maison ! il me semble que, pour y avoir vĂ©cu si peu de temps, j'y ai laissĂ© le meilleur de moi-mĂȘme ! Mais que d'impressions j'en ai emportĂ©es en Ă©change ! C'est lĂ  seulement, dans le milieu calme et plein d'affections saintes qu'elle avait choisi pour y vieillir, que George Sand Ă©tait elle-mĂȘme et tout entiĂšre. Ne se retirant que tard, pour travailler une partie de la nuit, elle donnait Ă  ses hĂŽtes, avec quelques heures de la journĂ©e, toutes celles de la soirĂ©e. Pendant que ses mains tourmentaient les piĂšces d'un casse-tĂȘte chinois ou habillaient une marionnette, — car elles ne restaient jamais inoccupĂ©es, ces petites mains vaillantes ! — elle causait avec un laisser aller plein de charme et un abandon plein de condescendance. Son esprit, trop crĂ©ateur pour descendre Ă  la critique, n'en formulait pas moins des jugements fort nets sur les contemporains. Je l'entendis un jour dĂ©fendre BĂ©ranger, comme poĂšte, avec une Ă©loquence pleine de finesse. Elle devina la premiĂšre, dans l'aĂźnĂ©e des filles de ThĂ©ophile Gautier, un Ă©crivain de race, hĂ©ritier du gĂ©nie paternel. Elle n'avait jamais cessĂ© de lire beaucoup, et concluait toujours quelque chose de ses lectures. Mais c'est dans les promenades du soir, en Ă©tĂ©, promenades Ă  travers le parc, et qu'elle terminait Ă  la premiĂšre tombĂ©e de la nuit, qu'elle Ă©tait vraiment admirable Ă  entendre ! Elle y parlait volontiers des grandes choses de l'Ăąme et de la vie avec la simplicitĂ© d'un esprit absolument sincĂšre, confiant dans les destinĂ©es, n'Ă©prouvant, d'ailleurs, aucun besoin de solemnitĂ© pour sonder les mystĂšres de sa propre foi. Ah! que j'ai souvent maudit l'insecte dont le vol interrompait quelqu'un de ses aperçus magnifiques sur l'avenir, en rĂ©veillant ses appĂ©tits chasseurs de naturaliste! Il s'en est peut-ĂȘtre fallu d'un simple phalĂšne venu Ă  la traverse qu'elle m'ait converti Ă  son dĂ©isme tranquillisant et Ă  son spiritualisme consolateur ! DĂ©isme d'artiste, car son plus grand argument Ă©tait la beautĂ© de la nature! Spiritualisme de privilĂ©giĂ©e, qui sentait ses admirables facultĂ©s s'aviver encore aux Ă©treintes de la vieillesse. J'attendais impatiemment l'inauguration de la statue de Millet sur la grande place de La ChĂątre. Car c'Ă©tait encore pour moi une grande curiositĂ© de savoir comment il avait compris George Sand. Non que je me dĂ©fiasse un seul instant d'un talent Ă©prouvĂ© comme le sien ; mais je ne sais pas de tachĂ© plus complexe que celle qu'il avait entreprise. Comment enfermer dans un bloc inerte le mouvement d'un des esprits le plus admirablement actifs de ce temps ? Comment faire rayonner au faĂźte d'un marbre la lumiĂšre dont vivait ce clair et brillant gĂ©nie ? Comment Ă©chauffer la pierre des feux de cette Ăąme ? Il y avait lĂ  de quoi troubler les plus hardis. Croiriez-vous qu'Ă  l'Ă©poque oĂč, sous la prĂ©sidence de Victor Hugo, une Commission s'institua solennellement pour Ă©riger un monument Ă  George Sand, dans Paris mĂȘme, un des plus cĂ©lĂšbres parmi les sculpteurs de notre jeune Ă©cole me dit fort gravement qu'il ne la concevait pas autrement que sous les traits d'une amazone ! Il y eut plusieurs George Sand, en effet, sans compter celle-lĂ , que nous laisserons Ă  la fantaisie des admirateurs Ă  venir, et qui ne sera peut-ĂȘtre pas la moins vraie. Il y eut la jeune femme qui, d'un grand essor littĂ©raire, surgit Ă©blouissante de beautĂ©, de vigueur et de poĂ©sie, enivrĂ©e de nature et jetant aux Ă©chos les accents les plus passionnĂ©s qu'oreille humaine ait jamais entendus ; il y eut la femme plus recueillie dĂ©jĂ , que les souffrances du siĂšcle avaient touchĂ©e au cƓur, dont les rĂȘves gĂ©nĂ©reux avaient couronnĂ© le front et dont Thomas Couture a laissĂ© un magnifique portrait aux deux crayons — il y eut enfin la femme vieillie qui sut entourer la fin de sa vie d'une souveraine dignitĂ©, l'aĂŻeule sainte qui, des tendresses du foyer, fit Ă  ses derniers ans une aurĂ©ole, l'ouvriĂšre obstinĂ©e d'une tĂąche de dĂ©vouement. C'est celle-lĂ  que je prĂ©fĂšre Ă  toutes, sans doute parce que c'est celle-lĂ  que j'ai connue et aimĂ©e!Armand amis... Des manifestations furent prĂ©vues les 9, 10 et 11 aoĂ»t 1884, sous la prĂ©sidence de Ferdinand de Lesseps. De nombreuses personnalitĂ©s Ă©taient prĂ©sentes, pour beaucoup hommes politiques et Ă©rudits locaux. Quelques personnalitĂ©s parisiennes se dĂ©placĂšrent, la plupart anciens amis de George Sand Armand Sylvestre, Charles Buloz, Calmann-LĂ©vy et Paul Meurice. La famille de la romanciĂšre fut reprĂ©sentĂ©e par son fils Maurice Sand. AprĂšs un hommage Ă©crit par Victor Hugo, suivirent les discours officiels des organisateurs. Dans chacune des allocutions, George Sand est un “bien” berrichon. Ainsi, le maire de La ChĂątre Mais si sa gloire rayonne au loin, nous ne saurions oublier qu'elle nous appartient plus intimement et que George Sand, par ses ravissantes peintures, fait connaĂźtre Ă  tous notre Berry et les bords de la Creuse. » Le repli identitaire local fut accentuĂ© en raison du peu d'Ă©cho rencontrĂ© par les manifestations berrichonnes, la plupart des personnalitĂ©s politiques et littĂ©raires d'envergure nationale ne s’étant pas dĂ©placĂ©es. La foule des anonymes berrichons avait palliĂ© ces absences. Si de nombreuses festivitĂ©s suivirent l'inauguration de la statue, la plupart, sans rapport avec George Sand, Ă©taient simplement populaires et ludiques retraite aux flambeaux, fĂȘtes de gymnastique, banquet de 280 convives, feu d'artifice, concours musical rĂ©unissant les orphĂ©ons et les fanfares de la rĂ©gion. Les amis de George Sand.Maurice Rollinat George Sand connaissait trĂšs bien le pĂšre de Maurice Rollinat, François 1806-1867. Dans L’histoire de ma vie, elle dit de lui "Homme d’imagination et de sentiment, lui aussi artiste comme son pĂšre, mais philosophe plus sĂ©rieux." George Sand a apprĂ©ciĂ© et conseillĂ© Maurice Rollinat lorsque celui-ci lui montrait ses Ă©crits, lui demandait conseil comme des extraits de cette lettre de George Sand Ă  jeune ami du 18 avril 1872 Ă  La ChĂątre et servant de prĂ©face au livre PoĂ©sie pour les enfants de Maurice Rollinat en tĂ©moignent "Eh bien, mon enfant, voici ce que je ferais si j’étais poĂšte ... un recueil de vers pour les enfants de six Ă  douze ans ... Le poĂšte doit rĂ©vĂ©ler aux enfants ce qu’on oublie toujours de leur rĂ©vĂ©ler la nature ... Essaie et si tu rĂ©ussis, tu auras fait une grande chose ; cela ne doit pas ĂȘtre bĂąclĂ© vite, mais mĂ»ri et gestĂ© sĂ©rieusement. Et avant tout, comme on vit de pain et que les vers n’en donnent pas, il faut toujours avoir un emploi quelconque et ne pas le nĂ©gliger ... Sur ce, fais ce que tu voudras de mon conseil, je le crois bon, voilĂ  pourquoi je te l’offre en t’embrassant." George SAND ne partageait pas le pessimisme philosophique de Maurice Rollianat. Elle essayait d’orienter le jeune poĂšte vers d’autres formes d’inspiration mais son besoin de vĂ©ritĂ© et de sincĂ©ritĂ© le dĂ©tournait de l’attitude idĂ©aliste proposĂ©e par George Sand "Il faut ouvrir les yeux tout grands et voir le beau, le joli, le mĂ©diocre comme tu vois le laid, le triste et le bizarre. Il faut tout voir et tout sentir." Au dĂ©cĂšs de George Sand, en 1876, Maurice ROLLINAT perdit un de ses soutiens les plus efficaces et les plus dĂ©sintĂ©ressĂ©s. L’influence de George Sand s’est exercĂ©e Ă  un moment oĂč Maurice Rollinat avait Ă©bauchĂ© deux livres dont Les NĂ©vroses et elle est prĂ©sente dans ses poĂšmes sur la nature. Les amis de Maurice Rollinat.
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Georgesand - Dumas Fils - lettres - yannick debain from A Voix Haute on Podchaser, aired Tuesday, 15th February 2022. George Sand Née le 1er juillet 1804 Paris DécÚs 8 juin 1876 (à 71 ans) Chùteau de Nohant Alexandre Dumas (Fils) 27 juillet 1824 Paris DécÚs 27 novembre 1895 (à 71 ans) Marly le ro

ï»żPubliĂ© le 21 aoĂ»t 2017 par Jack-Martial Lettre de George Sand Ă  son fils Maurice La vie est une guerre. » Jack-Martial JackmartialAugust 21, 2017 Lettre de George Sand Ă  son fils Maurice " La vie est une guerre. " - Des LettresEn fĂ©vrier 1836, George Sand a 34 ans. À dix ans, alors que les relations entre ses parents se dĂ©litent, son fils Maurice devient pensionnaire au collĂšge Henri IV. Son pĂšre lui impose une Ă©ducation virile. L'enfant est crucifiĂ© par ses camarades qui prĂ©tendent que son pĂšre n'est pas son pĂšre et que sa mĂšre est une

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